Les hostilités reprirent de plus belle, à ceci près que cette fois, les plus compétents des combattants, des Val’Ka ou des esclaves en quête d’honneur, n’avaient qu’un seul objectif : Nashar. Malheureusement pour lui, sa chevelure ne lui permettait pas de passer inaperçu, et l’ordre de la barbe rousse l’empêchait de fuir. Il se fit une raison : le sang allait couler ; à lui de limiter la casse pour éviter qu’un Val’Ka trop puissant ne se pointe.
Le bleuté ne donnait plus de coup, il se contentait d’esquiver, au fur à mesure, et de tenir les adversaires à distance. Bien sûr, il entendait les insultes des guerriers, le traitant de lâche à chaque feinte, mais il passait outre. Hélas, la douleur dans son torse l’obligeait à “combattre comme un Val’Ka”, le poussant à donner parfois de violent coup, à l’aide de sa magie du vent camouflée. Il n’aimait pas du tout se faire contrôler par ce sceau d’obéissance, surtout qu’il ne pouvait pas utiliser 100% de sa puissance pour s’en sortir. Était-il élu l’être le plus malchanceux de l’univers ? Les cadavres au sol diraient que non.
Pour l’instant intouché, Nashar économisait ses forces. Ou plutôt, il les employait ailleurs. D’un premier temps, il essayait d’annuler le sort du Val’Ka, sans succès. Dans l’autre, il combattait les pulsions du démon qui, au vu de tout ce joyeux bordel, se sentait être seul au rayon charcuterie d’un supermarché désert. S’il venait à influencer le bleuté à un point qu’il en perde la raison, le Colisée deviendrait un vrai bain de sang, et les bains attirent les emmerdes. Il y parvenait bien jusque là, mais force était de constater qu’on ne l’aidait pas. Entre les idiots qui exposaient ouvertement leur cou ou leur tempe à Nashar, ou les blessées qui s’écartaient en boitant ou en rampant, ce n’était pas les tentations qui manquaient.
L’envie de division se faisait aussi fort ; mais invoquer Nyris et Naïcel ici serait du suicide, pour eux autant que pour lui. L’idée de geler tout le monde et de fuir lui vint à l’esprit. Il pourrait ainsi s’éloigner avant que l’on ne remarque les corps sans vie qui fondent. Mais pour peu qu’un barbare ait une bénédiction lui sauvant la vie, le bleuté serait recherché dans tout Val. Sans compter que le Colisée de Kor était un endroit sacré : l’affront n’en serait que plus grand.
Finalement, il ne trouva rien d’autre à faire que de continuer, jusqu’à ce que barbe rousse en ait assez. S’imaginant de terribles tortures à son égard, l’Empereur le gardait toujours en vue du coin de l’oeil. Un tel sort ne pouvait sûrement pas être tenu à longue distance. S’il parvenait à échapper au regard du colosse pour s’envoler, il échapperait certainement à son contrôle. Vu sa douleur au torse, le sort était lié à son physique. Lorsqu’il sera au calme, il n’aurait qu’à enclencher la division en Nyris et Naïcel, sans aller jusqu’au but du processus. Le rendant très vulnérable, il sera certes, obligé de puiser dans son énergie vitale, mais sera certain d’échapper au Val’Ka.
Nashar continuait de guetter une bonne occasion, le Colisée se mit à trembler. Un énorme Val’ka… Celui de tout à l’heure! Un peu moins de quatre mètres de haut pour deux mètres de large, c’était littéralement une montagne de muscle… Et de colère. Car en haut de sa moustache de plus touffue, on pouvait apercevoir des yeux dont les intentions ne laissaient aucun doute. Il voulait la mort du bleuté, rien ne le retiendrait. Les autres combattants le comprirent et s’écartèrent de son chemin. Le seul malheureux qui ne l’avait pas vu, car il lui faisait dos, fut décapité par le marteau que tenait le géant. Oui, décapiter par un marteau. L’énervé passa sous la pluie de sang qui sortait du cou de sa victime et s’arrêta à un mètre de Nashar.
Tu frappes comme un enfant. Tu esquives comme une fillette. Et tu...
Et je t’ai vaincu à l'instant.
Termina Nashar, bien malgré lui. Pour le coup, il ne l’avait vraiment pas voulu. Il ne pouvait pas parler depuis que barbe rousse le lui avait interdit, alors pourquoi maintenant ? Un rapide coup d’oeil vers les gradins et il aperçut ce dernier observer la scène avec le plus intérêt. Il lui aurait ordonné de dire ça ? L’Empereur ne put se le demander bien longtemps, le sang de l’adversaire en face bouillonnait tellement qu’il sortait fumant de ses blessures. Sa poigne exerça une pression colossale sur son marteau qu’il leva au ciel.
Et c’est là que le torse de Nashar le poussa à agir. C’est là que le Val’Ka roux lui ordonna expressément de tuer le géant. C’est là que le bleuté enfonça sa tête dans la merde, où il était déjà jusqu’au cou. D’un seul coup, un seul, le Déchu concentra la force d’une tornade dans la zone autour de son poing, créant une bourrasque des plus intense. La poussière, soulevée par les affrontements, fut chassée au loin, masquant à ceux qui étaient à plus de 10 mètres. Mais les combattants présentent eux, virent tout. Ils virent Nashar asséner un coup si puissant qu’il creusa un trou dans le ventre du Géant pour ressortir par son dos, emportant chair et boyaux.
Kan lâcha son marteau qui atterrit derrière lui. Il essaya de garder l’équilibre, mais très vite, il tomba tête la première sur le sol, en se vidant de son sang. Lorsque la poussière retomba, les affrontements cessèrent un à un. Plus personne ne bougea, tant la scène semblait surréaliste. Un gringalet venant à bout d’un colosse ? C’était rare.
C’est à ce moment que barbe rousse pénétra la zone de combat. Avançant lentement vers Nashar, il s’arrêta à son tour devant lui.
Toi, qui as défait par deux fois le Gros Kan, je te défis, moi, Vm’Go du clan des Vm. Attaque-moi.
L’Empereur ne comprit que trop bien ce qui se passait : il avait déjà fait des choses similaires. Les Val’Ka pouvaient donc être rotor dans leurs manières de faire ? Intéressant à savoir… Mais dangereux pour l’instant. Le torse du bleuté frissonna de douleur, mais rien de comparable à tout à l’heure. Le coup qui suivi fut largement moins puissant que celui qui terrassa Kan, mais les effets du vent autour de l’attaque furent similaire. Vm’Go était resté de marbre, créant l’illusion qu’il était sur puissant.
Brindille. À mon tour, ne bouge pas.