La louve dont la naïveté n’avait d’égal que sa compassion en ce instant fut surprise par l’agressivité soudaine dont fut preuve la bête. Soudaine n’était pas le terme en fin de compte elle n’avait pas été des plus aimables jusqu’à présent. Ses doigts, Ses griffes, ses énormes pattes qui s’enfonçaient dans cette protection invisible et incohérente qu’il lui avait fournis. Elle gémit. Il continuait, forçait, son sang fusait, lorsqu’elle fit un pas en avant, il sembla changer de cible. Il s’attaqua à lui même, elle resta béate. Se détestait-il à ce point ? Lorsque ses chairs furent déchirer par sa propre nature, par sa propre haine, elle s’approcha doucement, lorsque sa haine sa colère et son refus se déchaînaient..
Cette fois, elle fit un bon en arrière, lorsqu’un large cercle rouge apparut, et se resserra avec une violence absolu autour de la gorge de Kajin. Elle avait oublier ce détail. Il n’était pas que la bête. Il était Kajin. Elle gronda. La colère laissa place à quelques chose de pire, quelques chose de dangereux, la peur. Qu’est-ce que c’était que cette merde ? La panique prit possession de son adversaire. Lorsqu’elle comprit, elle bondit. Les traces qui ornaient sa gorge. Son collier n’avait rien de matériel. Il haïssait donc la magie pour… Ça. Elle bondit en avant, mais trop lentement, de long filaments rouges, imatériels et pourtant si visibles, si palpables glissèrent le long de son être, rongèrent son corps, il se mit à hurler de douleur, lorsqu’une odeur de chair brûlée montait au narines de la louve.
Elle gronda. Les fils qui dansaient sur le corps de la bête, la faisant gronder. Elle était la louve, mais la louve avait été humaine, elle savait ce qu’il se passait quand on touchait quelqu’un qui se prenait une décharge. Elle ne put que se mettre à rôder autour de lui, lorsque son corps était tendu, les crocs dégoulinants de bave, grondant, grognant, son attention entièrement focalisée sur l’horreur rouge qui ornait le cou du loup. Il semblait rétrécir, elle sentit, entendit, il s’affaiblissait, son coeur peinait, il s’effondra, le silence revînt aussi vite qu’il avait été brisé. L’homme, la bête, le loup. Il était inerte, sur le sol, le cou fumant.
Lorsqu’il toucha la sol, se pattes décollèrent et elle se retrouva au-dessus de lui. Paradoxal lorsqu’il avait tenter de la tuer ? Elle s’en fichait. Il était comme elle, plus ou moins. Elle jappa, presque désespérée. Il sentait le brûlé, il sentait la mort. La louve leva le nez vers la lune les yeux plein d’espoirs vers la mère lune. Il ne pouvait pas mourir, pas en cette si belle nuit. Elle ne pouvait pas abandonné un fils qui avait déjà tant souffert une nuit de plénitude aussi douce que celle-là. C’était étrange, elle n’avait jamais été aussi effrayée, jamais aussi perdue, et perplexe. Elle avait faillit mourir, déchirée entre les crocs d’un des siens, mais il était un des SIENS.
Elle ne pouvait pas juste le laisser la mourir, elle lui laissa le museau, elle gronda, elle entendait son coeur faible. Elle sentait, elle percevait mais ne pouvait pas l’accepter. Pourquoi lui aurait-on mis un collier pareil… ? Qui faisait ça ? Qui pouvait… Briser le sauvage le faire plier. Il était solide comme le chêne et souple comme le roseau. Il devait plier au gré du vent pas se briser sous le bulldozer. Elle gronda, grogna, gémit, chanta pendant quelques minutes. Il fallait qu’elle le fasse muter… L’humaine était écrasée, complêtement, impuissante, la louve, les instincts, la protection, la survis. Elle se jetait contre lui pour le faire réagir mais rien n’y faisait. Elle hurla une dernière fois et fit ce qu’elle n’aurait jamais dû essayer de faire.
Le cris qui suivit fut un cris de douleur, lorsque tout son corps refusait ce qu’elle allait faire. Elle sentit sa colonne vertébrale se tordre, encore, encore, encore. Plus. Il fallait que ça passe, la nature, hurlait, s’insurgeait, elle était une louve, la lune veillait à ce qu’elle soit ce qu’elle devait être quand elle le devait, et en cet instant c’était la louve qui hurlait pour lutter. Se débattre de ce voile qui enserrait son coeur, de ce poids qui écrasait ses os. Elle gémissait, criait.
Elle était une louve garou, elle était habituée à muter avait l’habitude, elle savait cette douleur, elle avait eu les os brisés, encore et encore, mais cette fois, oh cette fois, son corps lui fit payer son affront d’une manière qu’elle n’avait jamais expérimenté, la lenteur, la douleur… Son dos se tordit, encore, doucement, reprit sa forme, elle dû recommencer. Et si elle restait bloquée…. ? Elle ne pouvait pas le regarder mourir. Elle hurla de douleur, son épaule se déboîta, encore, encore, plus. Ses doigts, ses os qui déchiraient sa peau, qui ne voulait pas suivre le mouvement, ce fut sanglant, d’une manière qu’elle n’avait jamais expérimentée, Sa peau se déchira se os saillirent d’un rouge macabre. Jamais, elle n’était pas autorisée à faire ce qu’elle faisait, pourtant, après ce qui lui parut… Plusieurs heures de souffrance, de cris, de larmes et de peur de rester bloquée entre deux formes, elle se retrouva à quatre pattes sur le sol, couverte de son propre sang, de sueur. Ses cheveux collaient à sa peau son corps était tendu, ses yeux brillaient au coeur de la nuit d’un bleu emplis d’une douleur. Elle éructa, toussa et cracha une gerbe de sang. Elle rampa presque jusqu’à l’énorme bête qui gisait au sol.
Il devait guérir, il devait respirer. Elle posa son oreille sur son torse, incapable d’entendre, les bourdonnements dans ses oreilles la diminuaient, elle tendit son coeur. Il était là, faible. Il ne fallait pas faire de massage cardiaque sans arrêt du coeur. Elle grogna. Il devait guérir. Pourquoi est-ce qu’ils auraient tenter de neutraliser leur propre arme ? Est-ce que c’était normal qu’il soit aussi faible ? Elle grogna, elle ne pouvait pas prendre le risque de le perdre. Il était brisé, mais il était comme elle. Et elle protégeait ce qui était à elle. Elle lui attrapa le museau, il respirait avec difficulté.
Il avait eu l’air dans un sale état lorsqu’il avait retirer ce qu’elle avait avalé.. Est-ce que c’était à cause de ça que l’horrible collier lui avait fait autant de mal ? Elle ne voyait pas comment le lui rendre… Et si elle lui rendait et qu’il se réveillait, elle allait mourir. Elle gronda. Elle leva les yeux vers le ciel.
« Je sais, je vais payer plus tard. »
Lâcha-t-elle en direction de la lune. La mère lune était juste, elle était la mère, elle était la protection et la chaleur de la meute, mais elle était juste et impartiale. La louve tendit la main devant elle, toujours faible, toujours brisée, lorsque son corps lui hurlait qu’elle devait muté, aller chasser, courir, son esprit était intraitable, ses griffes percèrent sa peau, elle inspira une grande goulée d’air. Et à son image elle enfonça avec une violence inouï son bras entre ses côtes. Juste sous le plexus. La douleur l’assaillit, mais ce n’était rien, par rapport à ce qui se passerait si elle le perdait, lorsqu’elle sentait presque à l’odeur la vie quitter son corps. Plus jamais, une larme roula sur sa joue et alla s’écraser sur la peau hypersensible de sa cuisse lorsqu’elle déplaça sa main à l’intérieur de son abdomen. Un putain de caillou. Elle ne devait pas avoir grand-chose là dedans qui avait la consistance d’un caillou. Elle sentait sa tête devenir lourde. De longues minutes où la sueur s’écoulait sur son corps poisseux, elle palissait, faiblissait. Mais où était cette…
Comment ? Comment était-t-elle aller se loger près de son coeur, incrustée dans sa chair. Elle dû arracher la pierre qui pulsait. Elle la sentait, elle pulsait dans sa main. Enfin elle put sortir son bras, vomissant une gerbe de sang au passage. Le monde tournait autour d’elle. Elle se glissa, avec une lourdeur, et une maladresse qui ne pouvaient être feintes jusqu’à le créature, s’appuyant sur lui, elle enfonça la pierre dans sa bouche jusqu’au fond, jusqu’à sa gorge, et ferma sa bouche, massant le dessous de son museau pour l’obliger à déglutir. Elle se releva un peu.
« Mute. »
Sa voix était faible, mais elle devait le faire redevenir humain. Elle se releva un peu plus, ferma les yeux un instant. Elle sentit la louve en elle, qui grognait, gémissait se débattait, se projetait contre les parois de la cage que formait son esprit. Elle la laissa sortir, la laissa s’écraser contre le loup, l’envelopper, le couvrir de sa présence, lorsqu’elle devait lutter contre la douleur et la fatigue.
Une voix profonde, douce, et calme, d’une autorité qui n’admettait aucune faille, presque basse sortit de sa gorge.
« Mute Loup. Mute et Vie. »