Dahlia
Gardilho
Jason
Ashfield
「Poke the dragon 」
« On a jamais trouvé de muselière à ta taille, regrettable... »
L’air hautain que Dahlia ne pouvait apercevoir transparaissait dans sa voix, signe qu’il était enfin sortit de sa phase de mutisme installée depuis quelques temps maintenant. Jason lui demanda de son ton habituel ce qu’elle lui voulait, cette phrase, la jeune femme commençait à s’y habituer. C’était un peu comme si le corbeau avait daigner sortir de son lit pour lui ouvrir la porte, avec ennui et résignation sachant qu’elle ne lâcherait pas l’affaire. D’un soupire, elle quitta le mur grisâtre pour le suivre, n’ayant pas le choix si elle voulait continuer la conversation. La douleur de ses côtes s’était calmée et n’entravait plus ses mouvements, aussi la combattante pu se tenir à ses côtés malgré son pas soutenu.
Ils arrivèrent au patio, lieu qui s’habituait de plus en plus à leur présence et leur petite prise de becs. C’était le seul endroit assez calme où être exempt d’une oreille indiscrète. Le Terranien répondit au premier point énoncé et Dahlia haussa un sourcil, surprise de ce qui venait de traverser sa bouche. Comme à chaque fois qu’il sortait une de ses cigarettes, les narines de la jeune femme se retroussèrent, elle ne supportait décidément pas l’odeur et se demandait comment cette dernière faisait pour ne pas le déranger lui-même. Elle continuait toute fois à exposer son point de vue à l’aide de différents arguments.
Jason appuyé sur la rambarde, les deux agents se fixaient, la jeune femme attendant sa réponse. Que fera-t-il la prochaine fois qu’il perdra le contrôle ? Celle-ci mit du temps à venir. Elle fut de nouveau étonnée de le voir pour la première fois à cours d’argument, ne soutenant même plus son regard. Visiblement elle frappait au bon endroit. La soldat préférait le voir admettre à demi-mot qu’il n’avait pas de solutions, plutôt que d’en entendre une montée de toute pièce juste pour garder contenance. Néanmoins, le brun avait le don de l’agacer par son entêtement ! La mâchoire serrée, l’Egyptienne secoua la tête, élevant la voix, phénomène rare chez elle.
« T’improviseras... Il improvisera... Ben bien sûr ! J’y avais pas pensé, problème résolu alors ! »
Le brun s’obstinait à ne pas vouloir regarder la vérité en face. Il était incapable de gérer cette situation tout seul. Depuis son arrivée sur HOPE, tout semblait lu échapper, et ce n’était pas une chose dont il avait l’habitude. Ceci expliquait pourquoi il rechignait à accepter qu’on l’aide. S’en aller n’allait pas régler le problème non plus, rien qu’en traversant le bâtiment personne n’était à l’abri que ça lui reprenne. Les causes de ses flash étaient floues, la première fois il n’avait pas fallut de déclencheur physique, rien ne pouvait donc prévoir ses crises. Rien n’excluait que dans la seconde il verrait à nouveau ce que son cerveau aurait décidé de lui montrer.
Dahlia peinait à cerner Jason, aujourd’hui plus que jamais. Il affirmait des choses qui n’avaient aucune cohérence avec ce qu’il lui avait dit trois jours plus tôt. La brune l’observait s’éloigner tout en l’écoutant. Depuis quand fuyait-il ainsi ? Du moins c’était ainsi qu’elle percevait son déplacement. Jason était une personne frontale, le voir se dérober de son regard de cette manière, lui paraissait étrange, telle une faille dans laquelle elle venait de mettre un pied. S’il ne la refermait pas, la sacrifiée n’allait pas lésiner pour s’y engouffrer, il en ferait les frais après coup.
Elle n’arrivait simplement pas à y croire, qu’il ose la prendre pour une imbécile à ce point. Pensait-il réellement que son discours était crédible ?! Non, ça n’avait pas de sens. Son comportement lui-même trahissait le tissu de mensonge qu’il tissait autour de lui. La jeune femme serra les poings, ses sourcils froncés déformant les traits fins de son visage. Le visage inexpressif que le corbeau tourna en sa direction acheva de conforter ses pensées. Lui, celui qui avait crié que Mei tombant, il tombait également, acceptait aussi calmement la possibilité qu’elle soit morte ? Sans même avoir vu son corps, avoir une preuve tangible ? Difficile à croire compte tenu de son lien avec la hackeuse et de sa profession d’enquêteur... Gardant le même ton acerbe elle ne pu se contenir :
« T’as fini ? On peut tirer le rideau ? Piètre performance, pour tes talents d’improvisation, on repassera ! Je ne vais pas avaler ton ramassis de conneries Jason. Y’a trois jours tu m’as fais toute une tirade sur l’importance qu’a Mei pour toi et là tu veux me faire croire que d’un coup, eh ben tant pis ! Des gens meurent tous les jours, c’est la vie ?! J’ai l’air si conne que ça pour te croire ? Que tu t’obstines à vouloir gérer ça seul est une chose, mais ne mens pas en pensant que je ne verrais rien. »
Pourquoi cherchait-il toujours à faire cavalier seul. Dahlia n’avait pas oublié leur discussion. Jason jugeait que c’était sa faute si Mei avait finit ici, qu’elle ne devrait pas se mêler de leurs affaires sous peine d’être également en danger. La jeune femme passa outre ses remerciements, bien qu’elle se douta qu’il était aussi rare qu’il s’y abaisse. Sa voix se calma lorsqu’elle reprit.
« T’avais le regard d’un animal quand tu t’es jeté sur moi, d’un prédateur même je dirais. Ce genre-là qui ne lâche jamais sa proie tant qu’elle n’est pas morte. Pas le premier que je vois dans ma vie. Tant que t’auras pas vu un cadavre, je pense sérieusement que si, tu continueras à chercher. T’as raison, ça devrait pas être mon problème que tu te fasses abattre parce que tu auras de nouveau perdu le contrôle à je ne sais quel endroit. Mais ça devrait être le tien de faire en sorte de pas te retrouver entouré de cadavres parce que t’auras pété les plombs ! Sauf bien sûr si tu fais dans le meurtre de masse et aime la chasse au fugitif, t’as envie d’être la proie peut-être ? Ça te changerait j’imagine d’inverser les rôles un peu ! »
Dahlia avait de nouveau haussé le ton sur ces dernières paroles, tentant de lui ouvrir les yeux. La jeune femme inspira et ferma les yeux, ses mains se mirent à trembler légèrement, subtilement, sans aucune raison apparente malgré son agacement. Elle les ramena l’air de rien sous sa poitrine et croisa les bras. Cela devenait un peu trop fréquent ces derniers temps...
« Tu t’en veux qu’elle soit en danger parce que tu es visé c’est normal et tu te dis que si je reste dans ton cercle je finirais pareille. Mais je ne suis pas comme Mei. Le danger je l’ai connu tous les jours comme toi, j’ai pas besoin que tu me protèges, ni que tu psychotes pour mon bien être comme tu le fais pour elle ! Et je pense toujours que le fait que tu sois le seul visé par ce, Reynarth, n’est qu’une partie de l’iceberg. Il y a forcément plus gros derrière qui pourrait nous concerner, pour te coller aux basques comme ça, si tant est qu’ils soient en vie. Mais on en sait rien donc c’est tout comme, n’est-ce pas ? »
La jeune brune appuya sur les derniers mots, mettant l’accent sur sa certitude concernant son acharnement à les rechercher afin d’en avoir le cœur net.