Brusquement, il s’arrêta net. Je trébucha et manqua de m’écraser sur le sol. S’il ne m’avait pas annoncé la bonne nouvelle je crois que je l’aurais insulté. Mais son annonce me fit oublier ce léger incident. Nous y sommes, le pelage présent sur l’arbre était effectivement statique et la couleur correspondait à la bête décrite un peu plus tôt par Val'kako. L’animal avait dû la perdre en courant, je ne voyais pas d’autre explication logique.
Je mis les réponses de mon compagnon dans un coin de ma tête, son explication était crédible. La rapidité avec laquelle il m’a amené au terrain de chasse confirmait son histoire et le prix onéreux qu’il réclamait.
D’un coup, c’est comme s’il n’y avait plus de sons, plus de forêt ambiante, plus de vent glissant sur ma peau. J’étais complétement obnubilé par ce misérable morceau de poils qui à lui seul me faisait revivre. L’adrénaline avait emporté ces détails que mon corps entier considérait à cet instant comme futile.
« Enfin ! Nous y sommes ... » Balbutié-je.
« Il est passé par là… »Je l’avoue, j’ai pendant quelques secondes un peu le contrôle de moi-même. Quelque étincelés discrètes sortaient de mes doigts. Mais ces mois de travail avaient finalement payé. Le sang allait couler.
Je repris mes esprits quand mon maigre corps, affaiblit dû à mes expériences multiples, me picota la colonne vertébrale de bas en haut. Face à cette douleur toujours inattendue, je sortis ma flasque d’alcool de la seconde poche de ma ceinture et en bu une gorgée salvatrice pour me calmer. Je devais reconnaître que Val savait y faire en alcool.
Malgré ce morceau de poil, mes connaissances en chasse restaient toujours proche de zéro. Mes jambes, toujours tremblantes d’excitation se tournèrent vers mon guide.
« Par où allons-nous et pour combien de temps en avons-nous ? Quelle sera la stratégie à adopter si nous rencontrons la bête ? »Des questions, toujours des questions. J’en ai toujours plus, tout le temps ou que j’aille. Mais cette fois-ci, ma figure habituellement impassible, trahissait ce que j’étais. Mon sourire était carnassier, ma respiration haletante, mon œil avide de sang. Mon visage tout entier était celui d’un homme prêt à tuer, non… À chasser.