Pourquoi tout le monde était aussi musclé ici ? Pourquoi tout le monde était une armoire à glace ? Pourquoi toutes les femmes qu’il croisait pouvait potentiellement prendre l’épais grimoire qu’il était et lui arracher toute les pages d’un coup sans effort ?
En réalité, il avait déjà la réponse à ses questions, mais cela restait très impressionnant et très, très intimidant pour le livre de légende. Il ne se souvient pas exactement de son passé, que des fragments mais dans cette vie passé, s’il savait une chose … C’est qu’il n’était qu’un petit rat de bibliothèque, et son physique devait suivre, n’est-ce pas ? Cela ne pouvait pas être la « normalité » pour lui en tout cas, car chaque personne de Iron Island lui paraissait terrifiant d’une certaine manière. Son égo de tête pensante en prenait un coup … Un corps sain dans un esprit sain, oui, ce principe était respecté à son paroxysme ici. Mais il devait cependant s’y attarder, pour la simple et bonne raison qu’il devait se présenter à chaque autorité d’influence en Akerys. Pourquoi ? Parce qu’il était le Tractatus de Monstrum, bien entendu !
Le seul vestige d’une dimension mystérieuse qui avait emporté avec elle un nombre incalculable d’aventurier, de mage, d’explorateurs de renon, à l’époque. Il a longtemps été dit que le Tractatus de Monstrum cachait possiblement la solution pour se débarrasser de l’ainé … Mais ce n’était que des rumeurs sans doute infondées. Lui-même ne savait pas ce qu’il y avait dans ses pages, après tout. Il restait cependant … Un véritable phénomène en tout Akerys. Le Tractatus ? Le livre des légendes ? Il avait prit vie ? Une âme résidait en ses pages, il était devenu une vraie personne ? Vite, colportez la bonne nouvelle, bientôt, le Tractatus nous révélera ses secrets ! … Des secrets dont il n’est pas au courant lui-même. Quelle plaie. Il n’a jamais été fait pour la popularité. Il ne désirait que d’une vie tranquille, à la campagne, avec ses livres, ses recherches et sa femme bien aimée.
Qu’importe, cependant. Qu’importe car il avait finit de serrer des mains et faire des courbettes et désormais, il a profité du reste de sa journée pour aller sur Hardground. Beaucoup pensent que c’est un honneur de fouler du pied la Sky Archipelago et il ne se rappelait pas, dans sa vie antérieur, avoir déjà voyagé en ses lieux. C’était une aubaine, il ne fallait pas laisser passer cette chance ! L’entomologiste en lui rugit avec ferveur, à n’en pas douter qu’il avait déjà étudié toute les espèces de l’archipel mais jamais en personne, jamais étudier la faune de ses propre yeux ! Il ne fallait pas perdre un instant, alors !
Le mannequin qui portait le Tractatus n’était autre que le mannequin à l'effigie de sa défunte
femme. Encore une fois, il n’arrivait pas à battre son trauma et être auprès de cette poupée sans âme propre le récomfortait, lui donnant le faux sentiment qu’il était dans les bras d’un être cher. C’est pourquoi, de l’extérieur, on dirait simplement qu’une mage à grand chapeau et à la tenue rouge se baladait en tenant le grimoire, flannant ici et là dans la forêt sous toute ses installation de métal. Cet endroit, à moitié composé de verdure et à moitié de roche épaisse et montagneuse, avait un toit de feuille, laissant que finement entrer la lumière. Cette forêt était un cocon, un refuge pour les plantes et créatures forcées à s’exiler de leur île par les akers. L’endroit idéal pour étuder les insectes de l’ile donc.
Il passa quelques heures à simplement se pencher sur chaque feuille, étudier les créature qui y rampaient, chasser coléoptères, sauterelles et autre étranges insectoïde qui seraient inconnu de tous, sauf des Akers. Pour quelqu’un qui ne s’y connait pas, un étranger par exemple, tout pouvait paraitre quelque peu impressionnant et intimidant mais pour une fois, le livre qui pouvait être trouillard à ses heures perdues ne pouvait pas se sentir mieux. Jusqu’à ce qu’un petit incident se produit, bien entendu.
Alors qu’il était perché sur un rocher, le mannequin de la jeune femme penchée en angle droit, tendant le livre vers le bas pour que l’œil sur la couverture puisse analyser de plus près encore l’insecte qui l’intriguait … La roche se mit à bouger. Non, ce n’était pas la roche, c’était … Tout le sol. Tout ? Non, juste une partie en fait. En se redressant, Tractie écarquilla un peu son unique œil alors qu’il comprit ce qui se passait en regardant derrière lui. Une tête animale sortit du sol derrière lui, regardant ailleurs et … Oh, il était sur le dos d’une tortue géante. Une
Estemalgan ! Une tortue qui s’est si bien adaptée au sol rocheux de Iron Island que sa carapace, tout comme sa peau, sont fait désormais de pierre et de roche agglutinée. La merveille dans son œil disparu cependant lorsqu’il se rappela que ses animaux ne sont clairement pas inoffensifs. Si ses tortues se sentent menacées, elles peuvent très bien décapiter un homme d’un simple coup de mâchoire… Cependant, ses animaux se fondaient tellement bien dans ce décors qu’ils laissaient les divers petits mammifères habiter sur sa carapace rocheuse. Pas de mouvement brusque donc. Pas d’énervement. Si la tortue avait envie de bouger, il allait la laisser faire et … Se faire petit.
C’est ainsi que le livre s’embarqua dans un petit voyage d’une bonne dizaine de minute. Oui, il avait des pouvoirs et des aptitudes qui réussiraient à le sortir de là mais il ne voulait pas affoler la créature, ou la blesser. Et puis, peut-être était-il un tout petit peu intimidé également … Mais il pourrait rester ainsi toute la journée sur le dos de la bête si ça continuait. Il du rassembler son courage mais tenta quelque chose tout de même … Le mannequin se saisit de deux marionnette, une ribambelle pendait à sa ceinture, les soldats de Tractie … Et elle les lança devant la tortue. Les pages noir du grimoire volèrent et virent envelopper les marionnettes en plein vol qui grandirent et se transformèrent en
Forteresse des Paires. Ses colosses en armure, des pantins toujours, avaient deux boucliers sur leurs bras et une force à ne pas sous-estimer. Après que ces deux entités prirent vie, la tortue ne sembla même pas les remarquer et continua d’avancer dans leur direction. Doucement et délicatement, les forteresses posèrent leurs mains sur le devant de la carapace, vers l’avant de l’animal et tentèrent de le freiner pour qu’il s’arrête paisiblement… Sauf que cela ne se passa pas du tout comme ça.
Leurs pieds étaient plantés dans la terre mais ils se faisaient entrainer sans efforts. Cette bête était en réalité très puissante et agissait réellement comme si les deux colosses, qui ne rivalisaient cependant pas en taille avec la tortue. C’était comiquement embêtant… Peut-être que deux de plus ? Le livre lança deux autres marionnettes vers l’avant et deux autres Forteresse tentèrent d’arrêter la tortue … Et rien n’y fait … Le Tractatus sembla être lassé subitement, son œil, unique indicateur de son humeur, semblait perdu dans le vide et réellement exaspéré. Le monde n’avait de cesse de le ridiculiser, on dirait. Finalement, alors qu’il trônait désormais sur la tortue, quatre pantins essayant de l’arrêter sans l’énerver, son regard croisa celui d’une jeune demoiselle qui semblait un peu perdue.
Chevauchant la bête, le livre passa devant elle lentement … Et dire que si la tortue n’était pas dérangée par les pantins, cela voulait sans doute dire qu’il pouvait sauter de là à tout moment mais trop apeuré pour le faire, craignant vraiment que son corps, le livre, se fasse déchirer par la mâchoire de la bête … Si cela devait se passer, il craignait le pire vu les expérimentations qu’il avait fait avec Nashar…
Alors, son mannequin se contenta de … Lever la main … Et de faire un petit coucou de celle-ci à l’inconnue. Il ne savait pas réellement quoi faire d’autre. Dans cette marche, un des pantins glissa dans de la terre un peu plus humide et tomba au sol … Se faisant littéralement marcher dessus par l’imposante bestiole qui devait peser des tonnes. On pouvait entendre le bruit du bois et du métal se tordre et se fracasser. Pas de cri, cependant. Ce n’étaient que des pantins après tout. L’avatar de sa femme vint se poser la main sur le front d’un air embarrassé … Une tortue était en train de le maitriser sans même se rendre compte de ce qu’elle faisait. Pitié. Son amour propre.