C’était le pire mal de crâne qu’un livre pouvait rêver d’avoir. Un mal de crâne … Sans crâne. Que s’était-il passé encore ? Il avait mal, en plus d’avoir la tête enfoncée bien loin où il ne fallait pas. Il ouvrit son unique œil pour regarder mollement autour de lui… De la pierre et du métal, partout. Un trou humide et sans confort, aucune chaleur ni amour dans un tel logis. Où était-il ? Et dans les bras de qui était-il ? Puisque clairement, quelqu’un le transportait. Quel était son dernier souvenir ?...
Un combat ? Oui. Un combat. Il se battait contre trois voleurs qui n’avaient pas hésité à tuer tout un tas de garde … Devant une tour … La tour d’un vieil ami. Et Lacheal ? Lacheal ! Où était-elle ? Que lui était-elle arrivée ? Elle qui devait l’aider à retrouver la mémoire et à se détacher du livre ! Et bien, peu importe où elle était, elle ne pourrait certainement pas l’aider comme maintenant alors que le décor défilait devant son unique œil. Il était visiblement en train de marcher dans une prison mais pourquoi ? Avait-on arrêté les criminels ? Etaient-ils quelques minutes après tout ça ? Quelques heures après ? Quelques jours ? Quelque chose lui disait qu’animer un pantin, comme maintenant, ne serait pas une bonne idée et il eut raison de le faire, le découvrant seulement plus tard.
Il fixait un à un les détenus, cherchant à voir s’il reconnaissait les crapules qui avaient attaqué … Il y avait de tout ici. Homme, femme, gueules d’anges, sales gueules … Et de tout les horizons aussi. Que fichait une Nefyrienne ici ? Un requin, femelle il semblerait, avec une coiffure excentriquement verte ! Mais cela devait être le cadet de ses soucis, réellement, car au final, ils arrivèrent au fond d’un long couloir et semblaient entrer dans la dernière cellule où la personne qui le transporta vint le déposer sur un pupitre qu’on avait placé là sans doute exprès pour lui. C’est là qu’il put voir son porteur, enfin. Et à sa grande surprise, il s’agissait de Birdland ! Ce bon vieux Birdland. Une lueur de soulagement et de joie éclata dans son œil avant de le voir mettre des chaines autour de lui … Et là, la réalisation se fit.
Il était le prisonnier. Il était celui qu’on arrêtait. Qu’avait-il fait ? Qu’avait-il fait durant son sommeille ? Après tout, il ne se souvint plus du dénouement final du combat. Avait-il … Avait-il pété les plombs comme il l’avait fait avec ce Nashar et Scarlett. Cela lui vint à l’esprit. Une petite douleur l’avait fait invoqué un bélier de feu par inadvertance. Avait-il … Lâché une autre bête dans la nature ? Le Jeweler finit par capter le regard éveillé du livre, entouré de gardes mais malgré cela, il lui porta un regard grave, un sourire en coin un peu dépité.
« Tu es éveillé … Je sais que ce n’est pas de ta faute mais … Pour la protection de tous, nous devons te garder ici, le temps de … Savoir quoi faire avec toi. »
Le livre ne réagit pas. Il n’essaya pas d’utiliser sa magie, rien. Il observait seulement le visage de ce vieil ami, la mort dans l’âme. Il se sentit à la fois trahis et aussi terrifié. Il ne lui faisait plus confiance ? Il lui avait réellement donné une raison de ne plus lui faire confiance alors … Avait-il tué ? Avait-il prit des vies innocentes ? Alors, il était réellement le méchant de cette histoire, après tout, n’est-ce pas ? Il ne se remémorait pas des mots prononcés par la créature qu’il avait invoquée. Il ne se souvenait même plus de cette créature, à vrai dire. Mais il sentait dans chaque page le sens profond de ses paroles sourdes. Il n’était pas là pour faire le bien, n’est-ce pas ?
L’officier scella les chaines autour de lui, celles-ci brillante un instant avant de reprendre l’apparence de simple chaines. Elles étaient sans doute enchantées pour l’empécher d’utiliser sa magie.
« J’aurais voulu qu’il en soit autrement … Mais nous trouverons une solution. Je ne te laisserais pas croupir ici, mon ami. »
Ses mots étaient cependant de maigre consolations face à l’optique qu’il puisse être un tueur. Il l’observa simplement quitter la cellule, laissant le ceinture de pantins qu’il avait laissé à l’entrée, à l’extérieur de sa prison … Hors de son atteinte pour les matérialiser. Il devait maintenant attendre … Et réfléchir à ce qu’il était devenu.
…
A l’autre bout du couloir, cette bien étrange détenue, cependant, observa la scène avec ennuie. C’était l’une des seules distractions de la journée : voir un nouveau détenu arriver. Ici, c’était à la fois banale et intriguant. Un livre ? Un livre avec un œil … Décidément, Oly ne se ferait jamais aux étrangetés magiques de ce monde. Oui, cette fameuse Nefyrienne, qui n’en était pas du tout une en réalité, était ce même agent de Hope qui fut victime d’un contrôle mentale et fut enfermée ici pour avoir tuer des gens. Cependant, après la visite de Yagleadra et de cette foutue tortionnaire qui lui avait éclaté une jambe pour l’enfermé, elle apprit qu’elle allait être délivrée d’ici quelques jours.
Et il était temps. Quelle connerie, tout ça. S’ils sont si habitué à la magie, ici, ils auraient du savoir directement qu’elle était victime de magie noir, pas qu’elle s’amusait elle-même à remuer des dagues dans les cotes d’innocents pour le plaisir. Non, elle serait plutôt du genre à remuer des dagues dans les cotes de ses ennemis … Et de ceux qui la font trop chier, aussi, un peu. Mais qu’importe, elle ne pouvait qu’attendre et en attendant, elle avait entendu les rumeurs sur ce livre depuis son petit séjour à l’ombre … Mais on le décrivait comme un héro plutôt que comme un criminel. Le fameux livre de la légende qui contiendrait peut-être la solution contre l’ainé … En prison. Elle se moquait intérieurement, un petit peu …
Mais cet amusement se transforma en choc quand, quelques minutes ou presque heures après, Oly vit passer un nouveau résident devant sa cellule … Et elle la reconnaitrait entre mille. Cette Foutue Louve … Aussi délicate qu’un barbare utilisant une massue pour couper un gâteau de mariage. Elle supposait qu’elle pouvait la remercier pour avoir décoincé Yag mais si l’alien n’était pas qui elle était, cette baffe et tout le reste aurait pu être la fin de tous ! On la traitait souvent d’impulsive, dans son milieu, mais elle ? Elle, elle n’avait simplement pas de cerveau. Le vide, le vent, un grand espace inutilisé. UNE FOLLE ! C’est aussi à cause d’elle qu’elle a du ramasser Yagleadra à la petite cuillère un jour. Elle ne parlait même pas de ses services rendu à Hope, juste que madame avait trouvé ça judicieux d’emporter un jour cette dame à la santé mentale plus que fragile se beurrer la gueule jusqu’à l’inconscience la plus pitoyable !
Elle ne savait pas si elle devait être heureuse de la voir derrière les barreaux ou si elle devait pester de devoir la supporter désormais. Dans tout les cas, elle s’approcha des barres et vint les saisir, s’y accrocher, dépassant son museau de la cellule.
« Ouaw, ils ont nettoyé un bon gros tas de merde des rues d’Akerys, à ce que je vois. » C’était encore une insulte gentillette de la part d’Oly. « Je t’ai pas déjà dit que ton comportement allait te mener là un jour, non ? Oh, attend, je te l’ai au moins dit ABSOLUMENT à chaque fois qu’on s’est croisée ! » Et en crachant son venin, elle fit la paix avec elle-même sur le fait d’être contente ou non de la voir là … Elle n’était pas contente. Et voila pourquoi. « J’suis sur que ça veut dire que t’étais trop occupée à folâtrer avec des criminels pour t’occuper de Yag, n’est-ce pas ? Elle comptait tant sur toi, cette idiote, je suis certaine qu’elle n’a pas arrêté de te chercher depuis la chute … » Elle assumait sans honte qu’elle était dans les mauvais coups sans grande hésitation. Elle ne devait pas être là pour rien après tout. Elle ignorait également que Yagleadra avait subit un grand changement depuis, témoin seulement des quelques paroles assurées lorsqu’elle l’avait croisé ici, dans cette même cellule. Au fond, avec ses paroles, elle l'accusait surtout de ne pas être là pour sa protégée, puisque elle, elle était dans ce trou depuis quasiment quand Hope est parti en vrille ... Et d'un autre coté, cela voulait aussi dire que malgré tous les défauts de Geleerde, elle la considérait comme capable de s'occuper d'elle. Elle l'avait déja fait par le passé, après tout.
Mais alors qu’elle lui gueulait ce genre de chose depuis le bout du couloir jusqu’à ce qu’elle s’approche, elle réalisa que les gardes qui l’escortaient venaient la placer … Dans la prison d’à coté. Elle écarquilla les yeux et remit ses lunettes correctement sur son museau, interpellant les gardes. « C’est une blague ? Vous ne pouvez pas la mettre ailleurs ? »
« Tais-toi, toi. T’as pas un mot à dire à ce sujet. »
Elle se pinça donc l’arrête du museau. « Putain de … »