Si trouble. Si confus. C’était l’état de l’esprit de Nashar. L’Empereur de Valice peinait à rassembler sa conscience, qui s’égarait dans une brume indescriptible. Geleerde aurait-elle honoré un certain pacte ? Heureusement, plus les secondes s’écoulaient, plus il se rendait compte que non, elle ne l’avait pas envoyé voir les faucheuses. Petit à petit, ses souvenirs lui revenaient : la veille, il avait trop bu en écoutant
Finn parler de sa couleur naturelle de cheveux qu’il trouvait horribles. Il lui semblait également qu’à un moment, ils s’étaient tous les deux battus, mais il n’arrivait plus à savoir comment il l’avait emporté.
Le bleuté se leva de son lit. Son appartement lui sembla alors petit, mais il relativisa : il avait passé les dernières décennies dans un palais, tout lui paraîtrait encore petit pour des années. Il vérifia rapidement qu’aucun rendez-vous ne figurait sur son agenda avant d’aller se glisser sous sa douche. Son corps se détendit instantanément au contact de l’eau chaude. Un vrai moment de détente, qui ne fut interrompu que par un toquement de porte.
L’Empereur ignora impérialement l’appel et prolongea son plaisir humide. Hélas, devant l’insistance de la personne décidée à lui parler, il ne put qu’abdiquer. Qu’il le veuille ou non… Ou plutôt, qu’il veuille qu’on s’imagine qu’il ne le veut pas ou non, il était maintenant le Gérant d’un Cabaret, un membre des Jewelers et une taupe au sein de l'organisation borderline d'un magnat de la finance. Autrement dit, les visites qu'il recevait n’étaient jamais de bon augure pour sa tranquillité. Et pour le coup, cela ne pouvait pas être plus vrai.
Une fois habillé, Nashar alla ouvrir la porte de son appartement qui palpitait. Il découvrit
un homme vêtu de manière singulière : des habits qui ne faisaient pas très Akers et des accessoires rappelant les usines de fabrication à la chaine de Solarii. Le plus inquiétant ? Le sourire mortifiant sur son visage.
Bonjour, mon ami.
L’Empereur lui referma immédiatement la porte au nez, avec la ferme intention de prévenir les autorités du dérangé devant son domicile. L’homme parla alors au travers des murs.
Attendez ! C’est important ! Je suis une connaissance de Don Leone !
Nashar écarquilla les yeux. Il rouvrit la porte, regarda dehors dans le couloir pour voir s’il n’y avait personne, puis attrapa l’inconnu par le col pour le ramener violemment dans son appartement. Après coup, il referma derrière lui puis se mit à l’étrangler pendant qu’il se débattait.
Écoute-moi bien. Je ne suis pas une petite main de Don Leone. On ne vient pas chez moi. On ne me parle pas. On ne me regarde pas. Quoique ce puisse être, je ne suis intéressé que si Don Leone lui-même m’en parle. Maintenant je vais te laisser respirer : si les prochains mots qui sortent de ta bouche ne sont pas “Compris, je ne vous dérangerais plus”, tu seras le nouvel ingrédient mystère dans les smoothies de mon Cabaret.
Le jetant sauvagement au sol, le bleuté se surprit de la facilité avec laquelle il avait tenu l’homme de carrure respectable avec sa simple force. Sa musculature se développait sans qu’il ne l’entretienne. Encore un coup du démon en lui, mais ce n’était pas le moment de s’y attarder. L’homme, qui peinait à retrouver son souffle, sortit une lettre de sa poche qu’il remit à Nashar.
C’est… Don Leone... Il vous a... Recommandé… Il a du travail pour vous…
***
Tss. Encore une fois, le bleuté était embarqué dans une aventure contre son gré. Cela ne se passait pas dans l’espace pour une fois, mais à Solarii. Plus précisément, dans la zone III de Kamtsu. Don Leone l’avait recommandé à l’un de ses amis pour effectuer un “transfert discret de marchandise délicate”. Nashar l’avait évidemment traduit par “cambriolage”. Il en avait d’ailleurs parler à son contacte chez les Jewelers, qui l’autorisa à agir “selon ce que sa position de taupe auprès de Don Leone l’oblige à faire”.
Forcé d’accepter pour ne pas s’attirer les foudres du magnat de la finance, Nashar suivit l’inconnu qui était venu le chercher chez lui. Nommé Jack Namain, le Solarkien organisait souvent, d’après ces dires, des “transferts discrets”. Sa méthode était simple : il réunissait des inconnus avec des capacités hors du commun et ils coopéraient pour accomplir un objectif. En l’occurrence, il s’agissait de “transférer discrètement” des caisses de médicaments, d’un container à un autre, sans alerter les agents de sécurité ou la police.
C’est ainsi que le susnommé Jack, Nashar ainsi qu’une dizaine d'autres bandits étaient réunis dans une vieille salle mal éclairée, située dans un quartier paumé non loin du lieu du “transfert discret”. Jack, qui s’attelait à mettre en place les préparatifs, commença :
Bon. Nous sommes tous ici. L’affaire de ce soir sera vite réglée. Je lance la diversion, on rentre, on assomme les agents de sécurité qu’il reste à l’intérieur SANS LES TUER et on transfère les médicaments ET SEULEMENT LES MÉDICAMENTS dans le container de nos riches amis. Nos commanditaires ont été claires là-dessus. On ressort et on s’en va chacun dans des directions opposées. Votre paiement vous sera remis sous 48 heures.
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