Radiance - Rinkyu

La mission avait été annoncée, et toutes les recrues ainsi que les agents, devaient se mettre au pas. Si l’ambiance des plus anciens était plutôt décontractée, pour les nouvelles recrues, le stress était à son comble. Mais derrière ce mur imperturbable qu’était mon visage, et gardé par la forteresse de ma carrure, je n’avais ni crainte, ni peur quant à l’aboutissement de la mission. Mon visage à cheval entre l’agacement d’être obligé d’être rassemblé avec un tas d’incapables et l’ennui de ne pas combattre au sol et à l’arme blanche, je me mis en rangs, sereinement, bien que je ne voyais dans ce lieu aucune personne, si ce n’était l’hirsute sauvage, qui pouvait me tenir tête. Mais au moment où mon regard s’est posé sur la Générale en Chef Anza, mon instinct cria à la prudence, ce qui calma à l’instant mes pulsions les plus sauvages.

Vêtu d’une combinaison qui avait l’agréable forme d’une armure lourde, j’étais comme un soldat des temps anciens, qui s’apprêtait à aller en guerre pour sa patrie, avec la flamme de la passion en moins. Toutefois, il y avait en moi, l’étincelle battante d’une joie presque oubliée, de rejoindre le champ de bataille pour le compte d’une terre qui n’était pas mienne, HOPE.Dans une concentration qui forçait le respect et la crainte, il fallut qu’un incrédule courageux vienne m’interrompre avec une remarque digne des enfants les plus écervelés.

???: T’as une armure géniale… plutôt original comme outils de combat. Souffla la personne qui était à ma gauche.

Mon iris roula jusqu’à lui, afin observer, sans que mon corps ne bouge, de long en large celui qui venait de m’adresser la parole. Ses cheveux d’un châtain rappelant le crépuscule de mes terres Val’kas ainsi que sa chétivité rappelant l’inconscient qui m’avait amené sur HOPE, furent les premiers éléments contradictoires qui me laissèrent sur un pas d’ambiguïté. Le regard d’émeraude du misérable semblait luire d’une admiration inappropriée à mon égard, alors même qu’il avait au coin de sa ceinture une arme à feu, prévu pour les attaques à distance. À DISTANCE. Donc, depuis un lieu bien sécurisé, caché derrière une masse de rochers, il pourra abattre n’importe quel ennemi et appeler cela une technique de combat. Pathétique.

Cette analyse me fit soupirer intérieurement d’ennui, avant que, mon iris, comprenant de lui-même l’inintérêt de ce nouvel intervenant, se ferma un moment avant de se remettre à sa position initiale. Il ne méritait pas mon attention, cela coulait de source.

???: Tu te bats à l’épée ?!!! Quand j’étais gosse, j’avais toujours voulu en avoir une. Mais ce n’était pas facile, je suis né dans un village plutôt pacifique ha ha ha.

Ses commentaires et son histoire, l’un aussi agaçant que l’autre était ennuyant, glissaient dans l’air sans parvenir à mes oreilles. J’avais pleinement conscience que rien de constructif n’aurait pu provenir de ce mécréant à qui il manquait une paire de lunettes pour en faire un bigleux ‘’premier de la classe’’. Tragiquement, comme décidé à développer mon calvaire jusqu’au bout du monde, ses paroles se multiplièrent, comme si véritablement quelqu’un l’écoutait. Il l’ignorait mais cela était semblable au bourdonnement agaçant d’une mouche dans l’oreille, qui refusait à un esprit son moment de répit.

Le mécréant devait être reconnaissant aux dieux de HOPE, d’avoir fait intervenir la Générale en chef, avant que je ne perde le Nord, en jetant le malheureux à quelques mètres de moi. Je n’avais pas la patience et le calme comme partenaires. Et donc, je n’aurais pas eu de mal à lui arracher un membre ou deux, quitte à créer dans ce lieu un scandale, comme à tout endroit où je m’étais rendu.

Une fois arrivée sur les lieux, la Générale fit un discours impactant, mais qui avait encore beaucoup à apprendre des discours de pré-guerre qui allaient toucher jusqu’aux âmes des personnes qui les écoutaient, des combattants qui le criaient.


Quelques heures plus tard, j’étais déjà dans le croiseur que je pilotais…. Non, que l’IA pilotait sous mes commandements. De plus, il s’occupait aussi de toutes les tâches qui pouvaient requérir la présence de quelqu’un. C’était à se demander ce que le valeureux Drag’far faisait dans le croiseur n’était-ce pas ? Eh bien… il était assis sur le siège principal, les jambes croisées et son poing fermé droit supportait le poids de sa tête à partir de sa joue.

-Tss…. Quelle étrange façon de combattre que de le faire dans l’espace…

Bien évidemment, j’étais agacé par l’actuelle situation. Mais sachant que j’allais désormais devoir m’y habituer, je sus que je ne pouvais que m’y soustraire pour faciliter mes prochaines virées dans l’espace.

C’est en plein vol que, l’IA m’annonça une tentative de communication externe d’un croiseur qui n’était pas très éloigné du mien.

IA : Une communication externe est détectée. Dois-je l’accepter ou la refuser ?

-Que me veut encore l’administration ?... Murmurais-je avant de relever la tête pour prendre une position plus adéquate. Acceptez la communication.

Mais quelle ne fut ma surprise, quand je vis le visage du jouvenceau qui m’avait interpellé plus tôt dans la journée. Une veine se dessina sur ma tempe gauche, ne comprenant pas ce qu’il se passait et surtout, comment il avait fait pour reconnaître le vaisseau que j’avais emprunté.

???: Ah… le mec à l’armure génial, comment tu vas ?

- Par mes ancêtres… !!!

???: Quelle joie !!! Tu n’es donc pas muet… Je te rejoins sur ce coup mon vieux. On travaillera ensemble

- Je n’ai aucunement besoin de ton assistance, misérable. Et je ne travaillerai avec personne.

???: Je n’en doute pas. Au fait, mon nom est trévor. Mais mes amis m’appellent trev. Donc, si besoin est, j’interviendrai, ok ? Allez, à plus. Coupa-t-il avant de partir.

Mon poing serré, je frappai sur l’accoudoir de mon siège, pour exprimer ma rage. Aucun moyen de discipliner les troupes dans ce monde… Ça en était insupportable par moments. Mais qu’importe. Le succès de la mission était de loin ma priorité.

Geleerde: (…) tournée générale à l’Andromeda si on dégomme tout ce bordel en moins de deux heures.

Fin de la communication.

Encore une fois, l’Agent Geleerde mettait en avant sa légèreté face à l’actuelle situation. Et si le sentiment était partagé, un sourire léger à la fois moqueur et déterminé se dessina sur mon visage, comme pour rappeler aux ennemis qui m’observaient au loin, que les choses n’allaient pas être des plus belles pour eux. Non pas que je me sentais plus fort ou plus puissant, mais que le défi de rentrer vivant venait d’être lancé, et j’allais le remporter.

- Une tournée générale hein…

Avec un empressement que l’on ressentait dans la voix automatisée, l’IA m’indiqua rapidement qu’il y avait des turbulences au sein du Carrier, à cause du déplacement du vaisseau-mère. Et donc, que les risques de perdre la trajectoire initiale étaient plutôt élevés. Le coude toujours sur son accoudoir, et la main droite supportant ma tête aux cheveux noir de jais, j’observai avec désintérêt ce que l’intelligence m’expliquait avec tant d’ardeur et d’alerte, par les graphiques et les calculs. Le risque de se faire avoir par un météore ambulant, étant anormalement élevé.

Ayant fait du risque mon tendre petit déjeuner et de la mort ma douce compagne de danse sur les champs de bataille, j’avais appris malgré moi à ne pas perdre mon sang-froid devant une situation que les statistiques jugeaient presque impossibles à surmonter. Bien au contraire, j’en riais narguant le destin de ma puissance et de ma fureur destructrice.

Pour exprimer donc mon désintéressement face à cette urgence, mon autre bras, initialement allongé sur mon accoudoir, se leva dans les airs pour effectuer un mouvement léger de la main, comme pour chasser les mouches indésirables dans l’air. Ainsi, par ce balayage, j’exprimai une pensée très claire : « Gère ça comme tu peux ». Parce que oui, je ne m’en inquiétais que trop peu jusqu’à présent. Mon IA avait des compétences informatiques qui m’étaient totalement inconnues. Ainsi donc, s’il se révélait ne pas être capable de s’en occuper, nous supporterions tous les deux les conséquences.

- Ce Carrier n’est qu’une monture. Crachais-je sans gêne. Sans elle, nous pourrons toujours nous battre. Quelle meure ou pas, cela n’est pas important. Occupe-toi de nous amener à bon port

Bon port, était bien évidemment la localisation des météores géants. C’étaient eux, que j’avais pris pour cible, et avec eux que je voulais m’amuser. Finissant cela, ma main rejoignit sa position initiale, alors que je me prélassai doucement dans le fond de ma chaise. Jusqu’à présent, j’étais en excursion dangereuse, rien qui ne nécessitait mon intervention. Et pour cela, je pouvais me permettre de dormir, jusqu’à ce que j’arrive là où je voulais arriver.

Le champ de force fut imposant, plus encore que ce qui avait été prévu. Ainsi donc, les prévisions de l’IA se réalisèrent, jetant le vaisseau dans les météores. Tout signalait en rouge, explicitant la faiblesse de notre Carrier face à la force de la pression. La mort frappait à nos portes, et donc, je devais me battre. Me remettant donc sur mes deux pieds, je tirai sèchement ma large épée qui était accrochée à l’arrière de mon siège, m’avançant doucement jusqu’à me tenir au centre de la salle de contrôle. Si une chose s’introduisait au cœur de la navette, je l’aurais tranché net.

Peu de temps après, quand tout redevint calme, rien ne s’était infiltré dans le vaisseau, même s’il était certain que des dégâts avaient été enregistrés.

Les dégâts étaient principalement centrés au niveau du réacteur gauche, salement abîmé. De ce fait, nous devions attendre un moment pour que l’énergie se répartisse sur les réacteurs restants.

-Avançons comme ça… Nous n’avons pas de temps à perdre. Comme je l’ai dit, si notre monture meurt, nous avançons sans elle…

C’est ainsi que sous mon commandement, nous nous dirigeâmes, à vitesse plus réduite, vers les météores géants, qu’il fallait à tout prix abattre.

Professeur Rheel, une scientifique de HOPE, qui se chargeait apparemment des Croiseurs que nous conduisions. Les armes étaient activées depuis le vaisseau-mère, où était centré tout le commandement principal. Le message bondé d’interférences, arriva finalement à mes oreilles, me faisant comprendre rapidement la situation actuelle. Mais bien évidemment, ne voulant pas m’inquiéter du côté armement à distance, je laissai mon IA se charger de tous les réglages et paramètres. De mon côté, je quittai le centre de la navette, pour retourner m’asseoir sur mon siège quasi-royal, du fait que personne ne discutait mes ordres absolus. Si tant était même que j’en donnais. Fermant les paupières dans un élan de repos, je laissai mon corps veiller, attendant une véritable bataille.

C’est alors qu’au moment le moins attendu, les détecteurs se mirent à s’alarmer une fois encore, pour signaler sans aucun doute un problème extérieur. On dirait véritablement que chaque poignée de minutes, j’allais devoir me priver de repos à cause des futilités de cet ordre. Mon visage se froissant d’agacement, et mon poing serrant son impatience, mon œil abandonna les ténèbres pour montrer son iris unique, tandis que d’un ton semi colérique, je pestai :

- Que se passe t'il encore cette fois ? Nous sommes loin de HOPE pour espérer une quelconque turbulence cette fois…

Comme pour répondre à mon appel, mon IA s’était synchronisé avec l’appareil, afin d’en assurer le plein contrôle. Cela ne l’empêchait pas toutefois d’assurer ses fonctions primaires, mais étendait plutôt son champ d’action à l’intégralité du Croiseur. Ainsi donc, d’une voix mécanisée que je ne connaissais pas, provenant des baffles de l’appareil, l’IA m’expliqua.

« Lors de la synchronisation, avec l’appareil, un problème a été généré, augmentant beaucoup trop la puissance du rayon tractant qui nous entoure. Ainsi donc, une des météorites environnantes, se dirige droit vers nous, comme une pierre retourne au sol terrestre après être jetée dans les airs. »

- Cela ne peut être expliqué que par ton incapacité à tenir en main la situation. Je pensais que ton travail consistait majoritairement à veiller au bon déroulement technique de ce voyage. Était-ce trop demandé à une machine, que de commander une autre machine moins maligne?

« Le problème sera réglé dans 36.203 secondes. Et la vitesse d’évolution du météore, est telle que la collision sera prévue dans 50.32 secondes, si le problème n’est pas résolu. Ce qui laissera donc, en prenant en compte une marge d’erreur de dix pourcent… –»

-Cesse ces piaillements techniques qui n’ont aucune utilité, IA. Contente-toi de régler le problème que tu as créé et allons nous battre ensemble

« Bien »

Sur ces mots, je me remis en place dans mon fauteuil, reprenant une position relaxée, dépourvue de toute forme d’hostilité. Aussi vite que la colère revêtait mon corps, aussi vite elle s’en allait quand sa source avait été détruite. C’était la raison principale pour laquelle je m’étais si calmement remis à ma place.

Le gros bloc de pierre galactique qui venait en direction de mon Croiseur fut évité par une succession rapide mais pas moins efficace pour autant de calculs issus de l’IA, qui m’assistait. S’il était étrange de s’envenimer contre une machine, dans mon cas, c’était simplement pour lui inculquer des réflexes qu’il se devait d’avoir à l’avenir en face de certaines situations.

Une explosion d’envergure secoua le Croiseur dans son entièreté aussi brutalement que soudainement, alertant une fois encore tous les capteurs de danger de la pièce. Les écrans rouges, avec en plein centre un point d’exclamation, rappelait à toute personne l’urgence actuelle à réagir. De mon côté, poussé par la puissance du mouvement subite de l’appareil, je me retrouvai plaqué contre le sol avec fulgurance, ma propre épée dessinant une trajectoire circulaire pour venir se planter dans ma jambe droite. Mon visage perdu entre l’incompréhension et la rage, et mes dents serrées pour retenir ma douleur, je tentai bien que mal de me remettre sur mes jambes, bien que cela semblait difficile. Que se passait-il encore cette fois ? Après avoir ôté le tranchant planté dans ma chair, je me relevai, laissant le filet de sang couler le long de mon tibia avant de m’écrier à l’encontre de la machine intelligente

- Quelle est encore cette machination ??!!!

« Veuillez pardonner ces récents évènements. Les calculs n’avaient pas été correctement effectués du fait du dérèglement de la force d’attraction. De ce fait, la météorite nous a violemment heurté. Les dommages sont assez importants et difficiles à estimer »

-Inutile… pestais-je à l’attention de l’IA qui devait réfléchir à ma place en ce qui concernait les actions directionnelles et technologiques. Tu es vraiment inutile.

Comme si la situation n’était pas assez critique, un message difficilement perceptible nous parvint, mettant en garde les agents d’un danger qu’on ne comprenait donc pas. Dans un succession morbide d’évènements sanglants, le vaisseau sembla être entré dans une zone de haute turbulence, où les météores sont plus nombreux que prévus.

Bien que la navette ait été constituée pour être rapide et adroite dans ce genre de situations, elle n’en resta pas moins la victime du trop grand nombre d’attaques qui survint à son encontre. Encore que, les dégâts précédemment reçus, ne facilitaient guère l’aisance des mouvements. Mais criant dans son âme mécanique une vengeance envers l’espace pleine de météores agressif, les missiles ainsi que les canons X-11 démarrent à l’unisson, leur symphonie destructrice, changeant le champ de bataille en véritable pluie de lumières, où les météores sont explosés aussi rapidement qu’ils sont entrés dans le champ de vision des radars. Du bleu au violet, du cyan au rouge flamboyant, le mélange de couleurs était d’autant plus magnifique que les astéroïdes étaient nombreux.

La destruction massive des météorites ravivait mon âme d’une joie presque dissimulée. Mais cette dernière fut revêtue d’un manteau de la terreur, quand la nuée issue de la destruction des Pulsinars, paralysa presque tous les circuits du Croiseur. L’IA semblait avoir les difficultés à répondre, de même que, le vaisseau lui-même n’affichait plus les données comme il le devait à l’origine. Debout sur mes deux jambes, et une épée à la main, j’observai désemparé la situation face à laquelle je n’avais aucun contrôle.

Ayant refusé toute formation informatique, ne voulant connaître que les bases de la technologie ainsi que le combat au corps-à-corps, je n’étais certainement pas l’homme de la situation.

- Par les cieux… Encore des troubles électroniques… On se demande bien qui d’entre les météores et les machines sont les véritables ennemis !!!

Dans la vitesse de déplacement du Croiseur, et la poussière qui empêchait de voir quoi que ce soit, rien, ne me permit de percevoir le vaisseau qui venait droit sur le mien, pour le cogner de toutes ses forces.

- Je… Je vais m’écraser…. IA… Revêtement immédiat de la combinaison spatiale, et transfert dans le Mini-Hunter.

L’IA ne semblait pas répondre, ou du moins difficilement, si bien que, ma survie commença à semer le doute dans mon esprit. Et peu de temps après, une explosion retentit de mon côté de l’espace, laissant un mystère total quant à la finalité de ce qu’il s’était passé.