Difficile de dire si mon départ faisait naître en la pierre que j’étais, un quelconque sentiment. Je savais pour ma part, que mes frères, fils, sœurs et filles demeuraient sous le joug de l’esclavage, certainement destinés à mourir. Mon regard aussi vide que le gouffre des ténèbres et mon visage encore marqué par le sang et les cicatrices de mes affrontements, je savais en mon for intérieur que c’était pour moi un nouveau départ. Quelque chose qui allait changer la tournure de mon existence à jamais. Si tout homme possédait le désir ardent de l’ambition, qu’en était-il des hommes plus qu’hommes qu’étaient les Vals, qui marchaient avec la fierté dans une main et la force de l’autre ? Au-delà des apparences, en cette escapade, je nourrissais l’ambition de découvrir dans ce nouveau monde, HOPE, le moyen d’obtenir l’immortalité. Par cela, j’allais avoir enfin les moyens qui m’auraient évité d’être réduit aux chaînes à nouveau. J’allais devoir ne jamais oublier d’où je viens, afin de savoir désormais où j’allais aller.
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Val… Ceci n’a rien d’un adieu. Ce n’est juste qu’un au revoir. Oui, je l’avais trouvé. Ce sentiment qui m’animait. Cela n’était pas le regret d’avoir laissé les miens sous le joug des barbares qu’étaient les Dragos, ni même la détresse d’être enlevé de ma terre mère pour une terre qui m’était totalement inconnue. Du fond des ténèbres de ma pupille unique, brillait une lueur de détermination. Une détermination combative, que seuls ceux qui avaient le sang et la rage dans les gènes pouvaient posséder. Cette détermination était engraissée par la promesse d’une revanche future. J’allais me venger de ce monde qui m’avait réduit à néant, en allant trouver le moyen d’être le plus puissant de tous.
Une fois que j’aurais été le plus valeureux et le plus redoutable des Val’ka à HOPE, alors j’allais effectuer un retour à la demeure, pour exterminer tous ceux qui se mettraient sur mon chemin, dans le seul objectif de siéger sur le trône divin des guerriers Val…
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Peu de temps après, on ne voyait plus la petite planète. Ça n’était plus que les étoiles, qui couraient autour de notre vaisseau, à une vitesse ahurissante. Ne comprenant rien à ce qu’il se passait autour de moi, je restai immobile, tentant bien que mal, de déceler la raison de tout ce que je voyais. Et cette incompréhension faisait naître en moi de l’impatience gangrénée par une colère grandissante, cherchant certainement à exploser en dehors pour tout détruire.
La destruction n’était-elle pas le fort des courageux et valeureux combattants de ma terre mère ? Mais à chaque fois que l’envie me prenait de laisser libre court à ma sauvagerie, je me rappelai toujours, du regard presque poignant du jeune homme qui était au coin de la pièce, m’observant quelques fois par-dessus le livre qu’il lisait.
À vrai dire, ce mec qui associait les opposés de légèreté – dans la corpulence – et puissance m’énervait. Mon coup ne lui avait fait aucun effet quand nous étions sur Val et depuis lors, ma main à couper, que cet ingrat ne faisait que répéter dans son esprit à quel point il était plus puissant que moi. Ma pupille maronne avait croisé l’émeraude de la sienne. Si j’étais sur mes deux pieds depuis le début du voyage, surplombant le jeune homme – bien que peu éloigné – par ma talle, l’agent de HOPE qui ne me supportait certainement pas demeurait avec une certaine assurance sur son fauteuil, séparant son visage du mien par ce livre qu’il lisait parfois.
PUTAIN !!! IL CROISAIT LES PIEDS EN PLUS !!! Une veine naquit au niveau de ma tempe, alors que mon poing se serra au fur et à mesure que ma colère montait.
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Pourquoi tu m’regardes toi ? Tu as un problème ? Mon ton était provocateur. Si cette question voulait être traduite, elle aurait pu être interprétée comme : « J’aime pas comme tu m’fixes avec ton assurance de vainqueur chanceux. Tu veux qu’on r’mettes ça pour que je te montre qui est le vrai patron ? »
Un langage d’hommes, de combattants dans l’âme qu’il avait certainement compris. Et comme tout être suprême ne pouvait reffuser une occasion pour affirmer sa supériorité, il ferma son livre avant de se mettre en position assise, légèrement courbé en avant, comme prêt à bondir à tout moment.
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Et même si cela avait été le cas… qu’aurais-tu fait ? Le monde de HOPE, requérait une certaine civilité, un comportement citoyen et social, qui voudrait que tout le monde avance dans le même sens, qu’importent ses origines. Mais il fallait croire que près de deux siècles sur Val, à fonctionner autrement, ne pouvait simplement pas être retiré en quelques heures de mon esprit. Et ça se voyait encore dans ce regard qui reflétait la soif de sang et de combat. La barbarie Val’ka, était encrée dans mes gènes les plus profonds, et ces derniers remontaient peu à peu, à la simple vue de l’officier devant moi.
Tirant le nez et froissant les sourcils sous la colère et de toute ma masse musculaire, je fis un pas, un seul pas, qui résonna comme les tambours que l’on frappait pour annoncer le début d’un combat. Un flot de sang allait être déversé, aucun doute là-dessus. Il n’en restera plus qu’un à la suite de ce combat, et Drag’far l’enragé, sans aucun doute, serait la personne debout, même si pour cela, quelques dents devront sauter.