Le bleuté relâcha sa posture pour apprécier les remontrances et l’envenimement de la situation. Favaro, assez stressé, essayait tant bien que mal de calmer les autres recrues qui s’impatientaient. Réaction étrange, pourquoi se sentait-il obligé de justifier les actes d’une chienne errante ? Encore une facétie de plus à son caractère déjà bien étrange. Quoique, niveau étrangeté de comportement, Nashar n’était pas à laisser pour compte. Ne pouvant arrêter le sourire inquiétant qu’il arborait, il se délectait de plus en plus de la situation. Évidemment, comme à chaque fois, Geleerde vint tout gâcher.
Le plaisir de voir la louve souffrir et un chevalier blanc se faire emprisonner disparut instantanément quand un Agent vint mettre un terme à l’agitation ambiante. Succentement, Geleerde révéla son double jeu. Testeuse de sécurité. Avec sa dextérité habituelle, cela lui allait très bien. Elle n’avait pas besoin de trop se concentrer, il lui suffisait de frapper fort. Elle savait faire.
L’Empereur plaqua sa main contre son visage quand la recrue eut terminé son rapport à son supérieur. Nope. Il ne la connaissait pas. Souligner des failles de sécurité lors d’un évènement public. Même si elle ne suivait aucune étiquette, ce n’était pas une chose à faire. Le bleuté préféra rester de marbre, perdant définitivement toute joie de vivre pour la journée. À l’inverse, certains s’amusaient. Notemment Jesabel. Jasmond. Bref, celui qu’on appelait Rock. Menaçant la louve en s’approchant, un peu trop aux yeux du bleuté, d’elle, il finit par retourner de là où il venait. Personnage atypique, Nashar ne le connaissait que de réputation. Efficace durant ses missions, il n’y pas beaucoup à en retenir de lui.
Le calme revint très rapidement. Tout le monde se remit en place, et l’Officer en charge de la cérémonie put commencer son discours, avec vingt minutes de retard.
(...)HOPE a observé, recruté, formé et habilité des étrangers, recrues d’autres mondes, à exercer son droit exécutif. C’est un grand honneur pour moi aujourd’hui de leur adresser mes remerciements. Merci à vous de nous aider dans notre lutte contre l’ainé. (...)Et c’est pour cela qu’aujourd’hui, le Conseil de HOPE me donne le droit de vous promouvoir au grade d’-...
NASHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAR !
Tout le monde, Nashar le premier, s’offusqua de ce soudain arrêt. On en chercha la source et on la découvrit rapidement. Vif comme l’éclair, quelque chose se frayait un chemin dans la foule. Quelque chose d’enragé, quelque chose de coléreux, quelque chose de dangereux. Bondissant sur l’estrade, sans même tenir compte de la scène qu’il faisait, ni même des Agents qui pointèrent leurs phasers sur lui, Mortik atterrit pile en face de Nashar. Et...
...-URHUAG !?
Nashar fut projeté hors de l’estrade, rebondissant au sol comme jamais il n’avait rebondit avant... à HOPE. Voyant arriver la boule de nerf, l’hôte de cérémonie activa le filtre à injure des agents. Ce filtre censura les mots un peu trop insultants par le champ lexical de l’agriculture.
Fils de fermière ! Je vais t’assaisonner les yeux ! Te faire avaler ton épi de maïs malpropre jusqu’à ce qu’il ressorte par ta grange boueuse de moissonneur ! Empereur de mes oeufs ! Je vais te les arracher et t’enfoncer mon épée à la place ! TRACTEUR ! Je vais te faire manger ta récolte par tes narines de batteur !
Sans crier gare, Mortik bondit une nouvelle fois, avec la ferme attention d’écraser la cible de son courroux sous le poids de sa chute. Légèrement sonnée, cette dernière eut tout de même le réflexe de se créer un bouclier de glace qui ralentit son assaillant. Cela lui donna assez de temps pour se relever et se mettre hors de portée de son supérieur. Tout comme Favaro, Nashar avait compris. Cette réaction ne pouvait signifier qu’une seule chose : Mortik savait. Pas étonnant, compte tenu de
l’indice que lui avait laissé le bleuté et le tempérament paranoïaque du bougre. Alors, très calmement, il mit encore un plus de distance entre eux et commença.
Sir ? Que vous arrive-t-il ?
Pendant qu’il essuyait les traces d’impact sur son visage, Favaro, lui, priait tous les Dieux qu’il connaissait pour que Nashar n’envenime pas plus la situation.
Mécréant ! Je vais te récolter la face !
Calme et confiant, bien qu’un peu surpris par la pêche qu’il venait de se prendre, l’Empereur ne lui servit que son sourire narquois, même lorsque l’homme se précipita sur lui. Il ne l’avait pas vu arriver avant, c’était pour cela qu’il s’était fait avoir. Évidemment.
Sir, pourquoi essayez-vous de me frapper ?
Tu le sais très bien ! Espèce de tractopelle !
Par la suite, de l’électricité vint illuminer les poings de l’Agent, rappelant douloureusement à Nashar la dernière fois qu’il les avait effleurés.
Calmons-nous ! Pourquoi tant de violence ? Je peux raconter une blague pour détendre l'atmosphère si vous voulez !
Se pressa Nashar, avant que le gradé ne commence à l’attaquer de nouveau.
Sème !
En pleine esquive, le bleuté eut du mal à commencer son histoire. Heureusement qu’il avait eu un bon mentor, en ce qui concerne l'esquive des coups au corps à corps du moins.
C’est l’histoire de deux fermières qui rentrent dans une chambre, quand elles ressortent, elles attendent peut-être chacune mon engeance...
Mais ferme là ! Comment tu as pu...!? Comment tu as pu corrompre mes deux f... !? Deux...
Précisément dans un angle où seul Mortik et les recrues pouvaient le voir, le bleuté eut un sourire des plus provocateur à l’encontre de son ancien supérieur. Mis à part Favaro qui venait de s’évanouir, ils comprirent tous le sous-message du précédent échange. Choqué, l’agent ne trouva pas ses mots.
Fumier. Fumier. Mes filles. Je vais te... Je vais te...
Subissant de légères interférences, les différents appareils présents équipés de haut-parleurs se mirent à émettre divers petits bruits. L’air devint subitement piquant, électrifié par la plus grande rage de l’Agent Mortik depuis des années.
Tu es mort.