Cela faisait plus d’une semaine que j’avais été recruté par l’organisation HOPE. Une semaine que j’avais quitté mon monde, laissant ma guilde entre les mains d’associés de confiance. Cependant, afin de m’assurer qu’ils ne fassent rien de stupide, je leur avais demandé de me rédiger un rapport complet sur les affaires, les bénéfices, les pertes et toutes les transactions effectués à la fin de chaque semaine. Rapports bien évidemment accompagnés des justifications nécessaire et des demandes d’autorisations pour la semaine suivante. Ces rapports étaient laissés dans mon bureau et étaient récupérés par un agent de HOPE qui me les remettait en main propre. Je passai ensuite le week-end à vérifier la paperasse et à remplir des dossiers pour tout consigner et ne pas manquer de potentielles opportunités. C’était un travail bien plus éreintant que lorsque j’avais directement la charge de mes affaires. Rien d’étonnant quand on délègue son travail à des personnes moins compétentes que soi. Quoi qu’il en fut, j’étais bien heureuse quand je parvenais à finir mon travail.
Je n’avais pas non plus beaucoup de temps durant la semaine, avec tous les test que j’avais à faire pour prouver à HOPE que j’avais les capacités pour être plus qu’une simple recrue dans leur organisation. Étonnamment, je n’effectuai pas beaucoup de ces tests avec d’autres recrues, si bien que je n’avais pas passé beaucoup de temps en leur présence et que je n’avais pas pris la peine de faire connaissance avec quelques autres recrues. Aussi, quand l’intelligence artificielle à laquelle on m’avait associé m’annonça que j’avais du temps libre dans mon planning pour une soirée en ville, je lâchai enfin un soupir de soulagement. J’allais enfin pouvoir me rendre dans un bar, boire quelques verres, écouter discrètement les discussions des autres clients et repérer de bonnes affaires à saisir.
En parlant de l’intelligence artificielle, je commençai doucement à m’adapter au bond technologique entre celle dans laquelle j’avais toujours vécue et celle que je découvrais chaque jour un peu plus. C’était incroyable de découvrir toutes ces machines qui rendaient la vie bien plus pratique, même si l’utilité de certaines restait encore très obscure à mes yeux. Rien que l’Hopewatch que l’on m’avait confié lorsque j’étais devenue une nouvelle recrue, elle m’avait permis de planifier mes journées de sorte à utiliser au mieux le temps qui m’était disponible. Je dois cependant avouer que j’avais du mal à m’habituer à la présence d’une secrétaire immatérielle et s’adaptant à tous mes besoins pour me donner des réponses avant même que je pose une question.
Pour revenir à ma soirée de détente, j’avais décidé de me trouver un petit troquet populaire. L’IA de mon Hopewatch, que j’avais renommé Hur~Dur (ce qui signifiait “Celle qui prévoit”), m’avait conseillé “Le Saloon” et, ayant témoigné de l’efficacité de mon assistante à plusieurs occasions, j’avais décidé de lui faire confiance pour me satisfaire. Je me rendis donc pour la première fois depuis mon arrivée dans les rues de Spark City. J’étais impressionné par la population qui grouillait dans cette ville. Aucune des cités d’Almeth n’était remplie jusqu’à en déborder comme l’était celle-là, si bien que j’avais des difficultés à avancer quelques fois. Je parvins cependant au bar sans trop de problèmes. Après y être entrée, je remarquai qu’il y régnait déjà une sacrée ambiance. Des musiciens étaient installés sur une estrade et une jeune aux cheveux blancs – le sang probablement rempli d’alcool – dansait sur des tables, entourée par un groupe de jeune gens tout aussi alcoolisées qui la regardait se dandiner. Pour le moment, j’ignorai toute cette agitation, me rendant au comptoir pour commander un whisky sec.
En observant plus attentivement la scène, je remarquai qu’un Fil Social partait de la danseuse improvisé à une autre jeune rousse. Cette dernière se tenait plus à l’écart, vraisemblablement pour s’assurer que son amie ne faisait rien de stupide ou de dangereux. C’est alors qu’un évènement plus qu’indésirable se produisit. Un homme de grande carrure agressa l’inconnue aux cheveux blancs en lui attrapant ceux-ci et en la tirant pour qu’elle tombe de sa table-scène. Ce genre de bagarre n’était pas exceptionnel, même dans mon monde d’origine, bien que je n’avais jamais assisté à une d’entre elle auparavant. Je fus agréablement surpris de voir que, malgré toutes les pintes qu’elle avait englouti, la jeune femme s’en sortait comme un chef. J’avais d’abord pensé à lui venir en aide, vu que c’était elle qui se faisait agresser, mais elle ne semblait pas avoir besoin de moi. Je saisis donc cette occasion pour engager la conversation avec la personne qui l’avait accompagné. Elle avait essayé d’intervenir, mais le public avait formé un mur compact l’empêchant de bouger :
- Ton amie m’a tout l’air d’être un drôle de personnage. Je suppose qu’elle a un passif avec cet homme, dis-je en remarquant qu’un Fil Social était aussi formé entre l’inconnue et l’agresseur. Je vais m’assurer qu’elle a un duel en paix. Mon nom est Sa-tia’Fir^Tum, heureuse de vous rencontrer.
Après m’être présentée, j’ouvris une petite pochette accroché à ma ceinture et en sortis une poignée de bille en métal. Je n’avais évidemment pas emmené mes lames pour cette sortie, mais je ne pouvais pas me promener sans rien pour me défendre. Ces billes étaient composées d’un alliage qui me permettait très facilement de les manipuler, en faisant donc des armes de dernier recourt. Je fis flotter ces billes au-dessus de la foule et quand je repérai quelqu’un qui voulait attaquer la jeune femme dans le dos, une bille s’abattait sur lui pour frapper son crâne. La cible s’arrêtait donc pour voir ce qui l’avait touché, ce qui résultait en quelques quiproquos provoquant d’autres bagarres parmi la foule. Je m’amusai de créer plus de chaos et je repris le dialogue avec un sourire en coin :
- Oups, je crois que j’ai envenimé la situation. Au moins, quand les autorités arriveront, nous aurons un moyen de nous extraire sans trop de soucis.