Ses paroles résonnaient encore dans ma tête. Lorsque j’étais à Syn-Mazaar, les Léviathans étaient presque un mythe, de grandes légendes incomprises, fascinantes, et en un jour, un d’eux a failli me dévorer avec l’endroit où je me trouvais, alors que l’autre m’en a sauvé, à sa manière. Tel quel, j’avais tout écouté, la moindre lettre, le moindre mot, tout entendu, tout compris. Je ne savais plus quoi penser. Je ne savais plus où aller, quoi faire. Hope, qu’était-ce à présent, qu’est-ce que ça signifiait ? Et si c’était vrai, et si l’Aîné n’était pas notre ennemi ? Que voir, que savoir ? J’étais perdu, plus que jamais.
Avec le choc en plus, j’étais aussi perdu de manière géographique. Mes idées sont encore floues, et je me retrouvais à déambuler au milieu d’une montagne, entendant un vague bruit lointain semblable à de petites industries, et le vent de l’autre côté, qui soufflait sur l’endroit. J’avais la gorge un peu sèche, une légère nausée, une petite migraine, mais je pouvais tenir debout, et marcher. J’avais bien essayé de faire appel à l’équipement de Hope pour savoir où je me situais, mais l’appareil déconnait, et refusait de me donner un emplacement fiable.
Pour le coup, je songeais que le plus important serait vite de retourner à la civilisation, mais j’ai déjà cru apercevoir forme de vie dans le lointain, ou entendre, je ne saurais plus trop dire. Alors, ça fait, et même si cela ferait sûrement une trotte à parcourir, je me suis dit qu’il pourrait aussi bien y avoir d’autres agents ou recrues par ici, si moi-même m’y suis retrouvé. Boitant toujours un peu du fait de ma blessure contre les infectés d’en haut, je me déplaçais alors, sans me cacher, appelant un peu à intervalles réguliers, et haussant la voix.
- Hey, il y a quelqu’un de vivant par ici ? Hope, quelqu’un de Hope ?
Sans rencontrer de véritables succès, je n’abandonnais pas, et reprenais, après quelques minutes, comme ça. Entre deux cris, alors, je regardais sans trop d’espoirs mes appareils, cherchant à voir ce qui fonctionnait ou non, et espérant surtout en trouver un qui serait en état et en mesure de me servir. Tapotant parfois frénétiquement mes implants, bien conscient que ce n’est pas comme ça que je les ranimerais, je devais avoir l’air d’un quelconque abruti paumé, les habits froissés et plein de saletés, en plus.
- Bordel, et encore une fois cette foutue IA n’est jamais là quand j’en ai besoin. Là-dedans, tu me feras signe quand t’auras fini ton coma, surtout.
Je pestais, crachais parfois un juron, criais à nouveau, et regardais autour, cherchant tout ce qui pourrait témoigner du passage ou de la présence d’un camarade. Des fois, j’époussetais mes habits, pour les rendre moins sales, sans franc succès, mais à ce stade, j’en devenais presque hystérique. C’était vraiment une bonne journée de merde, une de celles où j’aurais aimé rester sur Cael-Noztra, en fait. Non, oubliez, finalement, tout sauf ça.
- Surtout, si y’a quelqu’un d’autre de Hope ici, qu’il réponde, ou elle en fait, je m’en fous. On est dans le même bateau, là, même merde !