Alors que Dextra continuait de suivre l’infirmière jusqu'à la salle qui avait été allouée à son examen, leur progression fut interrompue pas un duo de personnes arrivant en sens inverse. Bien que le couloir suit suffisamment large pour que deux, voir trois personnes puissent passer sans mal, l'infirmière et l'étrange personne à la peau grise et aux cheveux verts continuèrent à se bloquer le passage, chacune cherchant à éviter l'autre. Alors que leur rencontre dégénérait en prise de bec, ou plutôt de nez et de museau dans le cas présent, la borgne observa plutôt d'un air curieux la haute silhouette qui se tenait derrière la femme requin.
Bien que la silhouette fut humaine, l'absence de peau laissait apparaître muscles et tendons de cette personne, par endroit recouverte d'une chitine semblable à celle d'un insecte. Pendant un bref instant, loin d'être dégoûtée par cet apparence, Dextra s'inquiéta. Avait-elle été blessée et sa peau brûlée ou arrachée? Cela ne semblait pourtant pas être le cas. Elle ne saignait pas, et ne semblait avoir aucun problème pour se déplacer malgré ses multiples membres et son absence d'yeux. Se déplaçait-elle par écholocation, comme certains monstres de son monde souterrain d'origine le faisaient. S'en s'en rendre compte, la recrue s'était avancée pour l'observer de plus prêt, cela pour simplement manquer d'être bousculée par la femme-requin, qui venait de larguer sa guide de la plus abrupte des façons. La créature ne tarda pas à lui emboîter le pas, s'excusant auprès d'eux, ce à quoi Dextra répondit simplement en hochant la tête et en émettant un grognement qui se voulait amical. Alors qu'elle aussi se mit à suivre l'infirmière qui avait recommencé à avancer, elle l'entendit grommeler.
« Au moins on fait en sorte d'aider des gens nous au lieu de créer des monstres en laboratoire... »
« M-Monstre? Pas... Blessée? »
« Oh. Pardon. Je ne voulais pas paraître désobligeante. Ne vous souciez pas de ça. Nous sommes arrivés. »
A peine quelques pas plus loin, deux salles après celle où étaient rentré les deux anthropomorphes, l'infirmière s'écarta en invitant Dextra à rentrer. A l'intérieure, de l'autre côté de la paroi transparente, la recrue, quelque peu intimidée, pouvait voir d'un côté une chaise rembourrée, surement destinée au patient, un établi avec de nombreux outils et produits dessus, ainsi qu'au fond plusieurs machines assez volumineuses. Un anneau avec un lit au milieu? Un bocal cylindrique? Tant de choses au fonctionnement étranger. Dans l'autre partie de la pièce, séparée de l'autre par une vitre et un bureau, se trouvaient d'autres machines, des écrans, ainsi qu'un homme aux traits asiatiques avec les cheveux d'un noir profond, et une légère barbe de la même teinte. Lorsque Dextra rentra dans la salle d'examen, celui-ci s'avança à sa rencontre, l'air souriant.
« Bien. Enchanté de faire votre connaissance, matricule HO-3786. Je suis le docteur Leng-Xian et je suis chargé de votre évaluation aujourd’hui. Nous allons commencer par tester vos réflexes, puis nous feront un examen de votre physiologie et nous prélèverons des échantillons afin d'approfondir nos analyses. Veuillez accepter les procédures en apposant votre doigt ici. »
« D'acc-. Accr... »
« Ne vous forcez pas. Votre trouble du langage figurait au dossier préliminaire. Nous ferons en sorte de vous inscrire plus tard à une classe de rééducation. Si cela vous convient. »
« ... Merci. »
Dextra eu un léger sourire sous l'effet du soulagement, et s'exécuta en posant le bout de son doigt sur l'écran holographique de l'équipement que le docteur lui présentait. Ses difficultés à s'exprimer, liée à l'éternité qu'elle avait passé loin de tout comportement social, était l'une de ses plus grandes frustration depuis son arrivée sur HOPE. A ce stade, c'était même son plu grand handicap, ce qui freinant son apprentissage et intégration, plus encore que la différence technologique ou culturelle qu'elle se faisait une joie de combler.
Par ces simples mots, le docteur avait réussi à la mettre en confiance. La faisant s’asseoir sur la chaise prévue à cet effet, sans y attacher les sangles qu'elle voyait pendre sur le côté, le médecin commença à faire des prélèvements : un peu de salive, une touffe de cheveux coupés... L'infirmière, quant à elle, examina le corps de Dextra, vérifiant ses muscles, ses articulations. Elle passa un bon moment à examiner les profondes cicatrices de l'ancienne combattante, en particulier au niveau de celles du visage qui avaient l'air de grandement la déranger. Finalement, le médecin s'approcha avec ce qui semblait être une seringue. Dextra, quelque peu insensible à une douleur aussi légère, le laissa faire en observant son sang remplir la chambre de la seringue.
« Oh, tiens, du sang jaune. C'est la première fois que j'en vois ici. »
« Ce n'est pas si surprenant. Le fer de ses globules a surement été substitué par du platine ou de l'osmium au cours de l'évolution des espèces de son monde d'origine. Je suis plus intrigué par ces membres artificiels. Ils semblent assez archaïques, sans technologie moderne, et pourtant elles sont aussi maniables qu'une prothèse de dernière génération. Je voudrais la faire passer au scanner tout de suite pour voir comment elle marche. »
« Il nous reste d'autres tests à effectuer avant de passer à l'étape du scanner complet. Vous connaissez le protocole. »
« Allons, je vois bien que cela vous a rendu curieuse vous aussi. Nous n'avons de toute manière rien à faire le temps que l'ordinateur termine d'analyser la composition de son sang. Cela nous fera gagner du temps! »
Quelque peu détachée de ce que les deux membres du corps médical pouvaient dire, Dextra laissait aller son regard autour d'elle, observant et retenant les formes et les étiquettes qui l'entouraient pour pouvoir ensuite rechercher ce dont il s'agissait une fois retournée à l'appartement de Myalia. L'immense base de donnée de HOPE à laquelle son amie lui donnait accès lui permettait ainsi d'étancher sa curiosité.
Tout en échangeant dans un jargon médical qui empêchait Dextra de comprendre un mot sur deux, le docteur et l'infirmière la firent se lever pour s'installer sur le lit au milieu de l'anneau métallique. Là, ils lui demandèrent de ne pas bouger alors qu'ils allaient dans la seconde partie de la pièce pour observer les écrans de leurs ordinateur. L'anneau se mit alors à faire des allers et venues le long du lit et de son corps, alors qu'une multitude de traits lumineux y étaient projetés. Au début, le jeune femme ne sentit rien, mais alors que l'examen progressait une sensation de froid commença à s'emparer de ses muscles du côté gauche de son corps.
« Il semble qu'il s'agisse d'une greffe au niveau cellulaire entre le matériau constituant ses membres artificiels et le reste de son corps. »
« Pas tout à fait. Vous voyez ces filaments à l'intérieur? Se superposant à son système sanguin? C'est un mécanisme qu'on regroupe dans des organismes parasitaire. Ces implants se sont attaché à ses fonctions vitales et en dépendent. Une sorte de relation symbiotique. Fascinant. »
« Vous... Vous voulez dire que ces prothèses sont vivantes? »
« En quelque sorte oui. Un forme de vie minérale. Ce n'est pas quelque chose de nouveau. Juste ra- ... Attendez, est-ce que vous voyez ça? »
« Les filaments sont... En train de s'étendre! »
Le froid se faisait de plus en plus présent, de plus en plus tordant au sein du corps de Dextra qui commençait à se tordre. Bientôt, la sensation semblable à celle d'une crampe empira au point de lui donner l'impression que des épines étaient en train de transpercer chaque veine et artère de son corps. Poussant un cͦ́ͫ҉͉͎̣̝̦̱̜r̆ͭ̔̾̐҉͍͖̻͇̜̘i̴̞ de douleur déchirant, la recrue de replia sur elle-même, mais ses prothèses ne lui obéissaient plus. Sa jambe, tordue dans un angle improbable, manqua de la faire tomber du scanner. Son bras, avait saisi et immobilisé l'anneau mécanique qui surplombait son lit. Dans un grincement métallique, l'anneau se tordit et finit par être arrachée par la force débridée du membre en P͎̼̪̯̰̙̏̐͜ị̩͔̞̮̋̈́͑͋͒e̝̝ṙ̴͔̟̲͑̋r̗͔͋ë́̊̀͗ ̴͇̼̩̘d̘͉̠̖̒ͦͮ̑̀͋̾e̛̓̒ͪ ̖̰̍̔͆̍ͤ̋S͓̖̏̀̔ͨ̎͌̄͞a̙̲̤ͭ͒̋͂̓ͮn̺͍̦̲̫̼̱ͭġ̵. D'un mouvement d'une violence inouïe, le scanne fut projeté au travers de la pièce, pulvérisant la vitre qui les séparait du couloir dans un grand fracas.
Alors que les cris des patients et du personnel commençaient à l'extérieur, dans la pièce, Dextra commença à se redresser, soudainement s̬̺͂̃ͣ͆͆i̵̐ͩ́ͅl̻͕̻̯e̛̜͑͋ͧ̓̇n͖̈́ͦċͧ҉̰͓i̱͓͉̹͉̫͂ͭͪ̈ͭ̐́ȇ̟͚̍̌̄͒ͨͦ͝u̷̞͖̣̫͑ͪ͊̌̾ͩs̱̬̰̑ͅĕ͖̗̥̹̀̉͠. Avec horreur, l'infirmière et le docteur constatère que le m̪͕͌̑͋̑͊ͥͯ̕é͕̻͎̼̪͍̠ͦͤt̜̍̔̽̉ẫ̪̳̣̻̻ͫl̵̬̙̑ ̣̅ͩͧr̳͚̙̜̟͔̼̀͌ͫ̄ͮo͎ͯͪͨ̉ͣ̀u̮̖̲̯ͥ̈g͓͖̗͚̖̱͙̓͡ė͉̲̪̟͚͚̈́̅ͨ̊ͣ̋ des prothèses étaient en train de progresser sur le corps de leur patiente, couvrant à présent ses hanches et la moitié gauche de son visage et de son buste. Sa peau commençait à prendre une teinte de plus en plus sombre alors qu'à l'inverse ses cheveux perdaient leur couleur rousse pour virer au b͚͚͇̾lã̝̟̱͍͎̖̼͗͞n̬c̠̱̣̥̜̣ ͓̞̃͌̿̎͑ͅc͈͎͎ͧ̐ͣ̉͆e͉͉̋n̹̯̯̬̈̐͗͛͟ͅd̢̳̲̖̬ͯŗ̟͎̞̮̟͌͑̈́̀ͭͯe̤͓͙͈͇ͯͧ͊̊́u̧͊x̘̰̳͙̮ͧ́͛͌̽̐̿́. La femme mutilée tourna alors la tête vers eux, mais avant de pouvoir faire quoi que ce soit l'infirmière eu la présence d'esprit de se jeter hors de la salle, entraînant le docteur avec elle. Manipulant le panneau de contrôle à l'entrée, elle fit se refermer un panneau métallique interne à la sale d'examen, prévu pour les urgences et imprévus de ce type. Là, les deux mesurèrent leur respiration haletante, avant que le médecin ne se reprennent.
« Activez les mesures d'urgence et faites venir la sécurité! »
« C'est déjà fait mais... Mais le processus n'avait pas l'air de s'arrêter?! Ce n'était pas dans le dossier! »
« Les rayons du scanner doivent avoir fait réagir l'élément parasitaire... Quelque chose d'autre a pris le contrôle de l'hôte. Appelez les ... Oh non. Vous vous fichez de ma... »
Sous les yeux h̨͙̩̯͑ͮŏ̠̺̱͓͈̍̅͑̅͑̑r͙̞̼̜͇̺̼ͥͮ̑r̥͗ͧ̍ͪ̊͊̾͢i̛̻̬̤͙ͭ̓f͎͕̙̖͓̺͓í̧̹̯̩̗͖͋ͫé̩̮̾̏̔͟sͭ̊͟ du docteur, la paroi de métal qui enfermait Dextra à l'intérieur était en train de noircir à partir d'un point central. Un fois assez étendu, la zone commença à blanchir et de déliter, le mur d'alliage de d͚̥̙͖̼̹͐̓͐ẹ̪͍͉́s̘̫̥͈̀̌͌͋̅͑̒̕i̥̥̖͉͊̔̃ͮ̋n͎͌̐̐̈̿̍ͫ́t̗͚̬́é͇g̵̦̹̯͐͛r̠̣̘ͅa̤̙̯̻̳̫̪ͩ̋̎̏́n͇̦͓͉̫͠t̙̫̠̪̱̖̉̀ devant eux alors qu'ils reculaient, dos au mur. S'avançant hors de l'espace de confinement, était un monstre à la silhouette vaguement humanoïde, courbée sur elle-même. Dans son dos et sur la majeure partie de son corps, des bout de métal rouge dépassaient et le reste n'était qu'u͇̺̹̜͚ͦ̊͒̌ͦ͞n͓̪̺͓̬̳̳̿̂̽ͧͪ̐̐é̵̻͓̥̭̓ ̤p͍̣͙̥̮̔̉ͅê͙͕̪͍̣au̼̦̜̥̙͓̗͂ ͐nͯ̓́͒҉̦͖o̩̠̤̥̠̹͒̍ͯ̋ͤͫ̓ḭ̟̘͍͐̐̌ͬͅr̷͇̭͙̀̎ͥͨe̶̯̠͒̀̔̏ͣ̈́̚ ̓͂͡c̢̪̔̆oͬ̋̌͗͊̾m̵̪͍̳̆̇̑m̭̘͓̻͋̓̃ͯ͆ē̷̪̼ ͉͈̖͇͈̽ͤl̻̞̟͈̙̖̺̐̈́̃a͉̜̱͚̹̞ͤ ̗͉̩s͖̗ͩ́̋̅͢u̡͔i̺̳̙͉e̬͖̻ͯ͠ͅ d'une une légère brume sombre s'élevait. Son bras et sa jambe gauche avaient augmenté en taille, grandissant de manière anarchique au point de donner à la créature une démarche g̙͙aͦ͛͊ͣͯ҉̥u̹̳͈̬̭͓͗ͅc̩̜̖̬̥ͫh̖̟͊ͮ̅͆ẹ̤̰͌ͨ̋̋̅́̚. Cependant les serres et les pics qui s'y manifestaient, eux, n'étaient à n'en pas douter d'une précision mortelle. G̝̭̺̑͠r͊̉i̳̳̺̘̲̮̳f͉͚͔̼ͪͧͤ̓͐͘f̺̆ͅa͇͖̳͉̬̾ͅͅn̹͉̹̪̏ͮͤt̖͇͕̫̖ l̲̝̟͔̭͍͒͞ͅe̔̓ͣ̑͏̳̦n̟͉̼͓̭̭̹ͯ̍̊̅̍͒͒t̕e̴̪͉͓̭͂͒́ͅḿ͓̭̫̬͕̤̜è̲̅͊͂͗́̐n̻̘̲ͤͧ̎̊͂̾t̃̈́̓̂ le sol devant elle, Dextra émit un grondement rauque, presque inconcevable dans la bouche d'un être organique normalement constitué.
« .̷̴̛̠͓͈̪̘̬̦͕̞̦̥̝̻͎̩ͭ͂̔̂ͣ͗ͤͧ͌̈͂̓̈́͢͞ ̨̡̼̬̼̞ͨ̆̓ͦ͌ͭ͐ͫ̍ͦ̉ͬ͟͝ͅD̍͑̏̐̆̈͗̾̿͒҉̨̺̦̗̬̼͓͚̠̘̹͖̭͉̰͝é̸̢͕̦̞̬̱̜̩͖ͫͩͤͫͥ̔̿̊́̂̓̏͋̽͐͌́̚̚̕͜ͅs̛̞̰͇͙͓̬̼̩͕ͤ͊͒̀̀ͅủ̶͓͍̺̺̭͙͓̙̯͕̗͖̻̱̬̳͕̓͊̓̓ͤ̽̔̒ͫ̎́͜͝ͅn̦̖̮̩̺̹͕̥̫̪̙̥̲̬̬̝̣ͥ̒̎́͜͢ͅi͆̽ͫ̿̍̊̓ͭ͂̈̈́ͦ̓̌̀̚̚͏̱̝͓̟ͅĕ̸̴͖̫͖̦̮̩̩̭̀ͭͫͥ.̸̷͖̦̖̠̘̹͖̲̝̮͛̆̃̍͋͐ͩ̇̅͋͗ͪ͗̀.̾̎̄̽͊̉ͫ҉̡̤̖̮̯̭̯̦̞̙͓̜̗̖̫̩ͅ.̴̳̫̝̝̩̻͇̮͍͚̞̗̙͇͉͗̐ͬͤ̀͜»