Terre Inconnueaccess_timeDim 10 Mai 2020 - 0:27personAaliyah
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La couleur noire morose de l’évier en ardoise fut tâchée du blanc troublé d’une glaire de dentifrice. Un instant plein de poésie et de grâce au cours duquel je me suis gargarisé comme un pélican en rut avant d’éjecter ce qui pourrait très bien être son guano, par la bouche, visant avec un succès modéré, mais satisfaisant le trou au milieu du bassin à l’aspect sombre. Au fil de cet instant sonore pas plus plaisant qu’un épisode d’une série type « La Passion est dans l’Espace », je songeais déjà à ce qui constituerait certainement ma première grosse action depuis une mise à pied bien trop longue.
Cela faisait déjà un certain temps que j’étais arrivé chez HOPE, et, si le luxe d’une vie de Cerbère me manquait, je trouvais déjà cela mille fois mieux que le vaisseau carcéral auquel j’étais lié tout le temps passé auparavant depuis ma démission forcée de chez la BS Corp. Au moins ici, j’avais des balles rebondissantes, et mieux, même, mais n’ayant pas encore goûté aux joies du métier en dehors de quelques petits tests formels, je restais quelque peu dubitatif. Servir la justice, j’avais connu ça, défendre soi-disant la veuve et l’orphelin, alors que finalement, il s’agissait plus des intérêts d’un riche magistrat ou sénateur. S’ils étaient aussi pourris ici qu’à Syn Mazaar, je dirais qu’au moins, je ne serais pas trop dépaysé, et ce n’est pas comme si les scrupules et remords avaient survécu tout ce temps non plus.
- Administrateur Warren, j’ai contacté la voiture qui vous dépêchera sur les lieux. Il vous reste exactement 4 minutes et 37 secondes pour vous préparer, sans quoi vous serez inévitablement en retard à l’arrivée du chauffeur. Puis-je vous suggérer de passer à l’habillement ? Le petit-déjeuner vous sera fourni dans le véhicule.
- Ouais ouais, la première bonne impression, tout ça. Mets-moi un truc qui bouge, on a bien le temps de passer un morceau.
- Entendu, je consulte votre historique afin de passer le plus approprié au vu du temps restant.
C’était la voix de SOMA, cette IA bidouillée à l’arrache entre les quelques tests qui ponctuaient mon quotidien jusqu’ici. Elle n’était pas tout à fait aux normes et, si jusqu’ici, elle restait tranquille, il lui arrivait d’être particulièrement pénible, mais je préférais un programme customisé à un standard vaseux qu’on pourrait me donner. Si SOMA me pressait ainsi, c’était un peu à raison, puisqu’aujourd’hui, je ferais ma première mission, sous tutelle donc, et, test comme un autre, j’avais tout intérêt à ne rien foirer : l’heure d’arrivée faisait partie de tout ça.
Sans plus un mot, je m’habillais donc relativement soigneusement, comme à mon habitude, au son d’une mélodie de musique Jazz, un morceau sélectionné par l’IA dans une très longue playlist musicale, longue malgré la durée plutôt courte de ma présence ici : il faut dire que je ne suis pas amateur de silence. Avec le temps, j’avais alors appris à faire les choses vite, bien, et en même temps, et c’est ainsi que je fus très vite près, passant le pas de la porte et fermant ma piaule derrière moi, avant de me diriger là où une voiture devait me prendre en direction des résidences.
L’intérieur était sobre, pas plus confortable qu’un autre, mais correct et propre. Je m’installais alors sans perdre de temps, saluant le conducteur d’un geste de la main et prenant place sur les sièges arrière, saisissant d’une main le sachet contenant ce que je prévoyais de manger en route. J’en sortis deux croissants et une thermos de café, que je m’empressais de dévorer en consultant les détails de l’ordre du jour. Je ne les avais pas reçus en retard, mais m’étais trouvé trop occupé entre les tests d’hier et une légère beuverie du soir pour m’attarder dessus auparavant, légère faute que je tentais d’adoucir en lisant à la transversale ce qui m’était présenté.
- Administrateur Warren, puis-je vous proposer une lecture de synthèse ? Il est inhumain pour vous, ce, même en comptant vos augmentations, de comprendre et retenir tout le contenu de ces papiers en si peu de temps.
J’acquiesçais silencieusement à la proposition de SOMA, qui finalement s’avérait plus que bienvenue. Un simple hochement de tête, et du texte défila sous forme holographique sous mes yeux, affichant en quelques phrases les tenants et aboutissants de ce qui semblait être une série de disparitions. L’affaire pourrait être liée à une organisation cachée, ce qui nécessitait infiltration, voire démantèlement selon les capacités des agents. En tant que recrue, je serais alors placé sous la tutelle du matricule HO-7197. Sans plus m’attarder sur le sujet, je passais vite les détails et me contentais de cette version on ne peut plus édulcorée, voyant que nous arrivions à destination. Si besoin, je n’aurais qu’à redemander à mon IA personnelle de me refaire le point plus tard.
Je sortais donc tranquillement de la voiture, hésitant à allumer une cigarette pour passer le temps, mais préférant m’abstenir tant que je ne savais pas à quoi j’avais à faire, et au cas où la personne soit simplement déjà sur place. D’un pas nonchalant, je traînais un peu entre les résidences, restant à proximité du point de rendez-vous et scrutant d’un œil attentif l’arrivée de ce qui aurait l’air d’être l’agent en question. Par SOMA, j’avais son visage à disposition, enfin une version approximative de ce qu’il devait être puisque l’IA n’affichait jamais plus que des nuages de caractères, décrivant ainsi des formes humains, relativement vagues malgré tout.
Les yeux clos, comme souvent. Les jambes croisées, les mains jointes. La tête légèrement de travers mais la respiration aussi maitrisée qu’une horlogerie suisse. La gardienne des astres était en train de réfléchir, presque de méditer. Cela lui arrivait assez régulièrement, comme elle en avait besoin afin de purger l’énergie qui la traversait continuellement. Ce n’était pas une habitude quotidienne, néanmoins elle essayait de faire cela le plus souvent possible. Après tout, cela faisait un bien fou, comme de s’étirer et de faire craquer quelques-unes de ses articulations. Pour les apprentis, cette sensation en était presque trop enivrante, et cela en devenait assez perturbant de voir de jeunes âmes s’adonner sans relâche à la méditation, si bien que cela en perdait un peu ses objectifs primaires… Mais ils se faisaient rapidement recadrer. ‘’Puis-je vous poser une question ?’’ Posait après plusieurs minutes l’IA de la Centrenuit, qui forcément allait encore une fois la déranger dans cet exercice. Elle n’attendit même pas la réponse de la gardienne pour poursuivre par ailleurs : ‘’Pourquoi méditez-vous en pleine rue, à quatre mètres du sol… Et la tête en bas ?’’
Ouvrant un œil, Proxima examinait un peu sa situation… Effectivement… Elle se trouvait la tête en bas. Heureusement que sa tunique était suffisamment bien faites pour éviter que tout le monde ne puisse observer ses plus simples habits. Et des gens pour l’observer, effectivement il y en avait. Des enfants impressionnés par la magicienne, des vieillards qui croyaient délirer, et des adultes qui hésitaient entre le cynisme qu’ils avaient atteint et l’innocence qu’ils gardaient au fond d’eux. Assise sur l’une de ses sphères qu’elle avait fait augmenter de taille, il semblait qu’elle s’était maintenue attachée, mais qu’elle n’avait pas prévue de se retourner. Son chapeau était quant à lui accroché à sa ceinture, surement récupéré par son IA, qui s’était dotée d’un bras extensible d’une trentaine de centimètre lorsqu’elle ne pouvait se connecter. ‘’Euh… C’est une très bonne question ?’’ Fit-elle, un peu perdue, avant de secouer la tête, pour répondre avec fierté : ‘’C’est pour faire corps avec la nature ! Tu sais, toutes les espèces ne vivent pas forcément comme nous, certaines se positionnent ainsi, et c’est pour faire comme elles, pour devenir la plus grande des héroïnes ! Tu sais, dans le genre… Na Na Na Na Na Na Na Na Na Na Na Na BATMAN !’’
Elle répondit ceci comme-ci c’était une évidence, avant de se remettre la tête en haut en faisant tourner sa sphère, tout en récupérant son chapeau qu’elle remetait sur sa tête sans même avoir besoin de se recoiffer. Souriante, elle se levait ensuite, pour faire appel à ses autres pouvoirs, comme si toute la foule qui se tenait non loin allait être son auditoire ! ‘’Et pour mon prochain numéro…’’ Elle claquait des doigts, augmentant l’humidité qu’il y avait dans l’air au dessus de toute ces personnes, qui commençaient à voir de petits nuages se former au dessus d’eux… L’inquiétude augmentait un peu, mais elle avait tout prévu, car en refroidissant correctement l’air, le spectacle se produisit : ‘’Il neige !’’ Fit-elle, avec un bon sourire, pour presque s’applaudir elle-même. C’était rare les fois où elle se produisait en spectacle, mais elle était toujours amusée et enjouée pour le faire ! Bref, elle profitait de cette diversion pour s’éclipser, posant ses pieds par terre pour marcher un peu. ‘’Fiou, on a faillit devoir affronter une marée humaine ! Tu penses qu’il m’aurait demandé des autographes ?’’ ‘’Je pense surtout que vous devriez penser à autre chose. Pensez que vous… Méditiez, un ordre de mission est arrivé. Visiblement, il s’agit d’une enquête sur de mystérieuses disparitions dans les environs. Central suspecte une organisation secrète d’en être à l’origine, et suggère le démantellement complet de ce groupuscule.’’ ‘’Oh, des kidnappings ?! C’est surement un coup du Joker ! Ou du pingouin, ou même de… ‘’ Marchant un brin rapidement, elle se prit une personne à un coin de rue, en tombant à la renverse, sans dégât certes, mais surprise, pour crier avec confusion : ‘’DOUBLE FACE !’’
Dans un sens, il était déjà infiniment plus reposant de se sentir travailler ici. Après tout, ce n’est pas comme si HOPE menaçait, ouvertement en tout cas, d’envoyer les agents plus récalcitrants à se salir les mains dans un véritable vaisseau prison, et ce, pour une durée indéterminée. Je me sentais plus libre, et, si j’avais bien moins de pouvoir, d’influence sur mes pairs, j’avais au moins la sensation de ne pas être épié où que j’aille, enfin, si l’on excepte l’IA qui, au contraire, surveille d’un regard curieux et intrusif le moindre de mes faits, gestes et paroles, ne manquant pas de me rappeler à l’ordre au besoin…
Je me laissais doucement vaquer à droite et à gauche, encore mal réveillé et plutôt satisfait d’être en avance, finalement. J’en avais même profité pour me poser sur un banc et m’allumer une cigarette, ayant négocié de pouvoir amener un peu de tabac de chez moi. Je ne sais pas ce qu’ils mettent dedans, et n’ais certainement pas envie de le savoir, mais c’est rudement addictif, et inimitable. Le seul inconvénient est qu’on en arrive trop vite au mégot, et je n’ai alors pas jugé nécessaire d’en allumer une autre, me contentant de jeter le cadavre de clope à un endroit approprié.
Lorsque je remarquais un semblant d’activité inhabituelle non loin, je me mis alors en tête d’aller regarder par moi-même, partant du principe que je prétexterais bien quelque chose si ma promenade supplémentaire me ferait rater le coche pour les débuts de l’enquête du jour. Péniblement, je me mis à marcher dans cette direction l’air nonchalant, en définitive pas assez réveillé, pas assez reposé de la bringue de la veille, et toujours en attente que le café trop récemment ingurgité fasse effet. Il faut dire que j’ai perdu l’habitude des sauteries, et donc celle de mes limites au même titre, principalement.
A un coin de rue seulement, mon manque d’attention me prit en défaut et je ne pus remarquer à temps ce qui surgissait à l’angle de la rue. Une chose bleutée pas spécialement imposante par sa taille, qui me percuta toute entière et chuta, tandis que, assez incertain de mes appuis, je pus me rattraper in extremis pour ne pas embrasser le trottoir de mon côté, plus surpris qu’autre chose. Si la fatigue me déboussolait un peu les idées, et si j’aurais surement préféré un « réveil » moins brutal, le carambolage eu au moins le mérite d’allumer un peu les lumières dans ce crâne endormi qui siégeait au-dessus de ma chemise froissée.
- Double-Face… ? Bah, qu’importe. Tout baigne ? Je crois qu’on a tous les deux oublier les appels de phares dans le virage.
Je ne pris pas vraiment en compte ce que dit la chose qui me percuta, ne sachant même pas si cela m’était bien adressé. Visiblement, ce qui devait être une femme assez normale, ou alors en être un déguisement très bien fait, n’avait pas subit de séquelle visible lors du léger choc, mais me plaçant dans mon rôle d’agent officiel, bien qu’encore recrue, je tendais une main bienveillante pour inviter l’inconnue à l’aider à se relever. Non sans une curiosité dissimulée, je profitais d’un bref instant pour observer ses traits d’aussi près que le destin nous avait alors placé, remarquant un accoutrement quelque peu inhabituel d’après mes standards, et surtout, une absence d’augmentations. Ici, il semblerait que le recourt aux biotechnologies ne soit pas aussi populaire qu’à Syn Mazaar, ce qui n’était pas forcément une mauvaise chose.
- Administrateur Warren, j’ai consulté la base de données de HOPE et il semblerait que votre rencontre du moment soit le matricule HO-7197, agent officiel. Inutile de vous préciser qu’elle serait à considérer comme un de vos supérieurs.
La voix de synthèse de SOMA se fit entendre, principalement à ma destination donc avec un volume relativement faible, mais toutefois de manière vocale ouverte. Sa voix particulièrement digitalisée ne pouvait que très difficilement s’assimiler à celle d’un humain ou d’une humaine, étant bien tout ce qu’on pouvait attendre d’une IA parfaitement neutre, d’un robot, d’une machine. De ses paroles, j’en compris donc que, bien que ce fut par hasard, j’avais donc finalement trouvé l’agent de HOPE avec qui j’étais assigné pour l’enquête des disparitions, et pour le moment, je pouvais principalement dire que ce n’était absolument pas ce à quoi je m’attendais…
Secouant un peu sa tête légèrement sonnée, la Centrenuit essayait tant bien que mal de remettre ses idées au clair. Les choses étaient bien loin d’être évidentes, vu sa constitution assez fragile. Certes, elle pouvait résister à des coups tout de même imposants, mais si elle était mal, une pichenette pouvait la mettre hors combat. Les joies des systèmes de vie du monde d’où elle était originaire, qui avait été en quelque sorte transmis ici. Tout ne l’était pas, et ça, elle ignorait encore beaucoup de choses sur les particularités qui allaient l’animer ici, et jusqu’où les possibilités qu’elle avait se limiteraient…
Jusqu’où sa main tendue pourrait aller ? Actuellement, sur celle de la personne qu’elle avait percutée, bien involontairement. Il s’agissait d’un homme tout de même plus solide qu’elle (pas si difficile l’on dira), qui… Semblait avoir subit quelques défigurations ? Entre des cicatrices et des restes d’opérations, elle apercevait un œil qui la surprenait un peu, mais qui n’avait pas spécifiquement une origine aussi magique qu’elle… C’était plutôt… Comme Cortania, mais en mécanique. Mécanique, c’était ça ! Quelque chose de concret ? Une sorte d’implant ? Etait-elle tombée sur un Solarkien ? Il semblait bien ! ‘’Héhé, un peu ! Et oui, plus de peur que de mal ! Désolé, j’étais un peu pressée, histoire d’échapper à la foule !’’ Répondit-elle, avant que Cortania n’y aille de son petit commentaire. ‘’Avant qu’elle ne fasse des appels de phare, il faudrait déjà qu’elle apprenne à ne pas confondre l’accélérateur avec le frein.’’ ‘’Hey, j’ai pas été si mauvaise la dernière fois !’’ Répondit-elle au tac ! Certes, elle avait réussie un peu près à conduire lors de la course poursuite qui s’était déroulée il y a quelques temps, mais les exercices qu’elle avait suivit par la suite, pour réellement obtenir une licence avaient été… Assez moyens, comme si la gardienne faisait exprès de ne pas briller sur l’instant. ‘’Pour votre estime personnelle, je ferais en sorte de ne pas vous transmettre les différents rapports de vos instructeurs.’’
Bref, une dispute normale entre l’IA et sa propriétaire. Néanmoins, cela n’allait pas les arranger pour l’opération ! Un point de rendez-vous avait été fixé il y a quelques minutes, sur une place non loin, pour que Proxima puisse faire la rencontre de la personne qui serait sous sa tutelle sous cette opération. Mais ça, elle l’ignorait encore, seule Cortania était au courant, n’ayant pas encore put amener la chose.
Toutefois, la discussion qu’il y eu entre l’homme et son IA personnelle précisa qu’il s’agissait donc d’un certain… Warren, et qu’il était donc lui aussi un agent ! Enfin, selon ses derniers termes, plutôt une recrue… Clignant un peu des yeux à cette annonce, à la probabilité d’avoir percutée membre de l’organisation, elle se rendit compte que tout pouvait parfois être un peu petit… Mais nulle envie d’en faire un roman lui vint en tête, puisque Cortania s’occupa d’avancer d’autres informations, d’une simple remarque : ‘’Au moins nous n’aurons pas besoin d’attendre plus que de raison pour trouver la personne qui nous accompagnera dans cette mission. Agent Centrenuit, voici la recrue Edward Warren, matricule HO-6037, qui sera sous votre tutelle aujourd’hui.’’ ‘’Ooooh ?’’ Fit la Centrenuit, en regardant les pièces du puzzle s’assembler, pour finir en un bon sourire, pour simplement tendre sa main : ‘’Super ! Moi c’est Proxima ! Pas besoin de se compliquer avec les matricules et toutes ces choses. Oh, je peux t’appeler Edward ? Ou Ed ? Et te tutoyer ? Oh, ça fait beaucoup d’un coup peut-être ? Baaaah… Oh, et tu viens de Solarii non ?’’
La demoiselle avait des airs un peu… Niais, il faut se l’avouer, mais pour autant elle n’avait pas l’air bien méchante ou que sais-je. Si on pouvait trouver un certain côté « touchant » dans son apparence candide que me donnait cette première impression, je me demandais bien ce qui avait fait d’elle un agent. Loin de moi alors l’idée de critiquer les apparences, trop souvent trompeuses, mais plutôt me vient en tête un soupçon de curiosité quant à savoir ce qu’il y avait de caché pour en arriver là. Personnalité multiple ? Pouvoirs surnaturels ? Artefact lié ? Plein de théories pouvaient se formuler à partir d’un rien, ce qui rendait cette rencontre déjà bien plus intéressante que la routine ne l’annonçait. Malgré son corps visiblement bien peu imposant de carrure, il semblerait qu’elle ne s’est pas blessée d’une quelconque manière lors de cette bousculade involontaire, à mon plus grand soulagement, puisque ç’aurait vite été tâche sur le rapport si la recrue avait piétiné son agent superviseur.
En plus de son attitude plutôt désinvolte et… légèrement enfantine, je notais déjà qu’elle pouvait bien se prendre la tête avec son IA, mais assez différemment de ce que l’on pourrait entendre, presque plus comme si elle était l’élève sermonnée par sa maîtresse, quelque chose du genre. C’était d’ailleurs assez amusant à observer, bien qu’avec du recul ce pourrait être un spectacle plutôt navrant, et je dois admettre qu’étant bon public je ne pus que laisser échapper un léger rire face à la scène que donnait le petit duo.
- Apprendre à conduire ce n’est pas toujours facile j’imagine… Ça viendra surement avec le temps, et au pire il n’y a qu’à l’installer sur une auto-tamponneuse pour commencer, non ?
Sans gêne aucune, je décidais de m’incruster à la fin de leur petit échange, pour suggérer, bien sûr sans être sérieux, une idée qui, intérieurement, me plaisait bien à imaginer. Si elle était aussi dangereuse que le disait son assistante lorsqu’elle conduisait, je donnerais cher pour voir une leçon de conduite, du moins si je suis sûr que les airbags fonctionnent correctement. J’aurais d’ailleurs bien imaginé que le fait de ne pas avoir d’aptitudes en conduites soit vite un frein au métier d’agent, mais en y repensant, j’imagine qu’une IA compétente peut amplement combler ce genre de vides.
Finalement, les présentations se firent de manière assez non-conventionnelle et inattendue, mais le bon point est que nous n’aurions pas perdu beaucoup de temps. De plus, je pense que j’aurais détesté des salutations trop formelles, et je dois dire que si la mission dans son intégralité se déroulera sur le même genre d’augures, j’en rirais suffisamment pour dire que je n’ai pas perdu ma journée. Ça me fera bien quelque chose à raconter, plus tard… Ainsi donc, l’agent serait Proxima Centrenuit, de nom, et, si je n’ai pas pris la peine de consulter les informations à son sujet, je suppose qu’elle non plus vu qu’elle semble apprendre un peu tout à la fois comme ça.
- J’ai l’impression que ce ne sera pas une journée de perdue ! Sinon, je n’aime pas particulièrement les chiffres non plus en fait. J’aurais bien dit de m’appeler « Docteur Warren », si déjà j’ai perdu toutes ces années sur les gros diplômes, mais je sais aussi que je finirais par trouver un surnom simpliste à un peu tout le monde ici, autant me rendre la monnaie de suite.
Si l’agent Centrenuit semblait d’un caractère ma fois très spécial, peut-être aussi très plaisant ou casse-pied -je ne l’ai pas côtoyée assez longtemps pour le dire, je me disais bien qu’au final, ça pourrait bien me plaire, l’absence de réelles formalités, la liberté d’expression, toutes ces choses qu’un agent plus strict et sérieux ne m’aurait sans doute pas permis. Autant en profiter non ? Et puis, je m’estime plutôt chanceux, pour une fois que je n’ai pas un coéquipier défiguré ou laid de base, bien au contraire même.
- Va pour le tutoiement, ce sera plus commode, et puis ça sonne mieux. Et non, je viens d’un peu plus loin que ça. Si on en est aux présentations, tu es originaire du coin, toi ?
D’un geste de la main, je voulais aussi l’inciter à ce qu’on se mette en marche pour commencer sans trop tarder, mais je me disais aussi que quitte à marcher un peu, on pouvait bien dialoguer un peu. Il est toujours bon de connaître ses alliés dans le métier.
L’individu suggérait sur le ton de plaisanterie d’essayer tout d’abord sur une auto-tamponneuse… C’était vrai qu’au moins elle serait moins dangereuse, mais elle n’aurait pas à gérer la verticalité. Après tout, bien des modèles de voitures étaient capables de léviter, ce qui les rendait bien plus rapides et pratiques, même si c’était les transports en communs qui étaient privilégiés généralement… Mais pouvait-on refuser une voiture de service ? Non seulement il s’agissait d’une voiture, mais aussi d’un petit vaisseau pour aller dans l’espace ! Très clairement, la voiture de James Bond ! Ou de Batman ! Ou même des deux réunis ! Après tout… Est-ce que quelqu’un a déjà vu les deux réunis dans la même pièce ? ‘’Hey ! Ça serait drôle ! Et une bonne expérience en plus ! Et si…’’ ‘’Je ne pense pas. Le fonctionnement et le maniement de ces deux machines divergent grandement. Et les instructeurs de l’organisation risquent de prendre ça comme une mauvaise blague…’’ ‘’Ohhh… Tu réussis toujours à me faire soupirer…’’ Faisait la Centrenuit, presque abattue par cette nouvelle… ‘’Excusez-moi d’être la voix de la raison !’’ Grommela l’IA. Toujours à être la rabat-joie du groupe, mais il en fallait bien une. Les deux affichaient une meilleure efficacité lorsque leurs idées étaient opposées. Et puis, si on laissait Proxima en liberté, qui pouvait savoir ce qu’elle ferait ? Elle provoquerait surement la fin du monde, rien de moins.
Dans tous les cas, le docteur Warren, puisqu’il souhaitait être appelé docteur (ce qui n’était pas commun du tout, avouons-le), était en tout cas visiblement emballé par l’idée d’aller faire cette mission, mais il pensait en tout cas aussi qu’il allait recevoir bien des surnoms, puisqu’il risquait d’en donner à tout le monde ! Cela fit travailler l’esprit de la gardienne, qui essayait d’imaginer ce qu’elle pourrait attribuer à cet individu… Des possibilités, il y en avait, mais il fallait trouver la bonne, celle qui irait parfaitement ! Puis en même temps, elle était curieuse de savoir à quoi elle aurait droit ! Les célébrissimes « Proxi » et « Proxénète » risquaient d’avoir de la concurrence !
Il signalait par ailleurs qu’il n’était pas originaire de Solarii… C’était vrai qu’il y avait pleins de mondes qui pouvaient y ressembler, une infinité même, donc cela ne la surprit pas plus. Elle-même venait d’une destination unique ! ‘’Héhé, je note ! Et non, pas du coin non plus ! Je viens d’un autre monde, mais ça ne m’empêche pas de bien m’amuser ici ! Au final, on s’y fait assez rapidement. Il suffit de regarder comment les autres font, et hop, on prend le coup de main facilement !’’ ‘’Sauf pour la conduite.’’ ‘’OH TAIS-TOI !’’ Fit-la gardienne en se tournant brusquement vers son IA qui prenait actuellement un peu trop son pied pour la chambrer. ‘’Bref, nous en étions à… Ah oui ! L’opération ! Allez, allons-y ! Pour te racheter, Cortania, met nous les coordonnées ! Des disparitions donc… Autant se rendre vers l’appartement de la personne disparue la plus récente !’’
Challenge :
Je te laisse décrire l'appartement de la personne disparue, néanmoins... Un objectif ! Il faut qu'il soit dans le thème de cette musique (alias Cubain) :
Si j’avais l’impression que ma petite remarque absolument pas sérieuse plaisait plus ou moins à la jeune agent, qui avait l’air bien tentée pour le faire, ou au moins disposée à rentrer dans le jeu, je constatais avec un certain désarroi que son IA ne partageait pas cet entrain. Elles sont rigolotes, toutes les deux, à se chamailler, mais je sens déjà que l’assistante de la femme en bleu va très vite m’agacer, surtout en remarquant qu’elle incarne un peu tout l’aspect strict que je reproche à beaucoup de fonctionnaire. En somme, je n’étais pas si bien sorti de l’auberge : L’agent superviseur paraissait plus que détendue et cool pour la suite, mais ce qui lui servait d’intelligence artificielle personnelle compenserait peut-être, si elle était aussi coincée qu'elle en avait l'air pour le moment.
En fait, je lui trouvais un sacré caractère de cochon même, plus conformiste qu’une IA rigide et standardisée comme je l’aurais imaginé. Si c’était un signe d’intelligence ou de conscience, je pourrais dire qu’elle a le côté railleur et râleur d’un humain, soit que du bon. Cela me faisait peut-être penser à SOMA, mais je dirais qu’il y aurait une nette différence sur le point où l’IA de Proxima, elle, attaquait de ses piques l’agent elle-même, alors que mon IA à moi se contentait de démonter les arguments, restant finalement plus logique et plus en recul. HOPE ne cessait donc de m’étonner, avec tous ces évènements hauts en couleur. Cela étant, je gardais en tête que si cette IA était ainsi, c’était surement fait pour coller au mieux à son agent lié, finalement, ce ne devait être sans raisons, mais je m’attendais tout de même à ce que sa présence ne soit pas une partie de plaisir.
Je fus finalement surpris lorsqu’elle me répondit, en la voyant remballer l’intelligence artificielle trop désinvolte avec un ton particulièrement ferme et sec, inattendu au vu du personnage qu’était l’agent dans son ensemble. En fait, elle était peut-être moins douce et naïve qu’elle en avait l’air, ou alors il s’agirait d’un élément plus isolé ? Qu’importe pour le moment, mais je note, j’observe, chaque détail, car après tout, c’est les détails, qui finissent par faire la différence. La conduite était alors un sujet qui fâche ? Mauvaise journée ? Oh, et puis pourquoi ne pas demander ?
- Sujet qui fâche ou début de journée difficile ?
Je me retenais d’ajouter que cette fermeté dans la voix ne lui ressemblait pas, mais me contentais d’une simple référence à cette opposition entre Proxima et Cortania, une de plus jusqu’ici, mais plus rigide qu’avant, comme je l’ai bien remarqué. Je n’allais, bien sûr, pas faire de fixation sur la chose, mais ma curiosité souvent bien mal placée me chatouillait, et pourquoi se gêner ? Mais tant que j’y suis, je serais bien tenté de poser quelques questions de plus en chemin.
- Oh, et puis pour passer le temps en chemin, c’était comment chez toi ? Je veux dire, globalement, la vie, le boulot, tout ça ? On en a pour de bonnes minutes de trajet, donc, autant faire connaissance. C’est toujours mieux en personne qu’en lisant un dossier fourni par l’organisation.
Je ne savais pas si mes blablas personnels l’intéresseraient, mais moi, je ne dirais pas non à entendre les siens, si tant est qu’elle se montre assez bavarde sur l’un ou l’autre sujet. On pense souvent qu’il est lourd d’écouter tout du discours d’une personne, mais j’aime à croire que c’est dans les discussions les plus détendues, les plus anodines, qu’on se relâche pour se montrer comment l’on est. J’aurais bien questionné alors sur des détails plus personnels et savoir plus vite qui j’avais en face, mais je préférais tâter le terrain avant d’examiner la personne, et ce n’est pas drôle si l’on sait tout trop vite. Quels genres de compétences possédait-elle ? Quel genre de personne était-elle vraiment ? C’était toujours plus intéressant que de compter les lampadaires sur la route.
Agents en plein travail, nous avions donc l’accès aux appartements d’un des portés disparus, et nous n’avions qu’à grimper au bon étage, et ouvrir pour entrer. Saluant d’un geste le concierge en chemin, je suivais donc le chemin indiqué jusqu’à la porte donnant sur les lieux de l’enquête, qui, jusqu’ici, ne sortaient pas de l’ordinaire. Ouvrant et tenant la porte pour inviter ma « partenaire » à passer devant d’un geste, avec la politesse qui se devait, exagérant peut-être avec un léger ridicule volontaire la courbette, je lui cédais ouvertement le passage.
- Mesdames d’abord.
J’avais alors pris un accent un peu bourge et exagéré, ne manquant pas une occasion de faire un peu le pitre malgré mes manières, et suivait à l’intérieur. Il était alors surprenant de considérer à quel point la décoration semblait rustique par rapport à l’extérieur plus neutre et habituel, finalement. Poutres apparentes, couleurs jaunes et bleues très vives rappelant des pays du soleil sur certaines planètes, on pouvait voir siéger fauteuils, tables et armoires de vieux bois et aux formes anciennes presque antiques sur certains points sur toute la pièce. Pas de portes alors, mais des rideaux de tissus ou de perles de bois séparant les pièces serrées et basses de plafond. De petits tableaux se trouvaient enfin suspendus, et quelques plantes tropicales en pot reposaient sur des coins de carrelage par-ci par-là.
La réplique un peu sèche de la Centrenuit à l’encontre de son IA semblait avoir un peu surprit l’interlocuteur que les deux avaient. C’était vrai qu’elle ne semblait pas être une personne qui se prenait la tête, mais comme on le disait souvent, les blagues les plus courtes étaient les meilleures, et en l’occurrence, celle-ci avait bien trop durée. Clairement, il fallait que l’IA tourne la page, mais c’était au moins l’un des rares sujets où elle pouvait se vanter d’une supériorité quelconque. Mais ça, Proxima finirait par la dépasser, et un jour elle serait au sommet, en train de soulever un trophée des vingt quatre heures de Hope ! ‘’Un peu ! Il faut parfois recadrer un peu Cortania, afin d’éviter qu’elle ne devienne trop ennuyante ! C’est comme étaler de la confiture ! A la fin, lorsque l’on l’étale trop sur la durée, ça devient pas bon, comme si elle n’était plus fraiche !’’ ‘’Il faut dire que vous laissez matière à ce niveau là.’’ ‘’Oui, bon, hein, voilà !’' Fit-elle, grommelante, avant d’hausser les épaules, pour écouter un peu Edward faire la conversation. Il était sympathique cet Edward, sociable, amical, l’individu qui semblait être toujours prêt pour faire les soixante-quatorze coups, qu’importe pourraient-ils être ! Et c’était cette drôle de petite aventure, de petite mission, que les deux allaient faire main dans la main, en toute légèreté, tout du moins jusqu’à ce que les choses ne dégénèrent, mais à ce niveau là… Bref, prions pour que cela n’arrive pas. Donc, il demandait… Plusieurs choses… ‘’Oh, chez moi ? Dans mon monde ? C’était… Oh, c’était super particulier ! Il y a tout un univers, tout un super grand amas de planètes, d’étoiles et de comètes, et j’étais un peu la gardienne de presques tous les astres de mon univers ! Mais ça, c’était avant la première grande apparition des gardiens sur Sigma, la planète au centre de l’univers. Toute particulière cette Sigma ! Et à ce moment là, mon rôle était d’intéragir avec l’histoire, de la pousser dans un sens… Comme dans un autre ! Mais je n’étais pas seule, j’avais tout un tas de compagnons, d’amis !’’
Elle souriait, d’une manière nostalgique. Son monde lui manquait bien maintenant…
‘’Mais moi… J’avais déjà trop marquée déjà. Je veux dire, j’étais présente lorsque mon univers a été créée, je suis parmi les sept gardiennes primordiales, et j’ai l’impression d’avoir absolument tout fait ! J’avais besoin de visiter un peu autre chose, de vivre de nouvelles aventures, et pouf ! Comme une plume arrivant joyeusement par un vent d’été, voilà que les agents de Hope venaient, une proposition toute intéressante à la clé ! Il ne m’a pas fallut longtemps pour accepter, héhé !’’
Puis… Elle se rendit compte qu’elle était un peu bavarde dans tout ça, qu’elle se confiait assez facilement à une personne qu’elle ne connaissait pas du tout… Bah, elle rigola un peu, avant de laisser la discussion se faire. Clairement, les choses se feraient comme elles iront. Dans tous les cas, elle eu le droit à une politesse peut-être trop exagérée, mais elle en rigola également, pour dire, presque comme une dame de la cour :
‘’Votre bienséance vous sied, Lord Warren !’’
Elle rentrait en tout cas, pour tomber sur une pièce d’un autre style, très clairement… Comme si la technologie n’avait jamais atteint cet endroit, bloqué dans les années 60, dans un style très particulier, alors qu’elle entendait résonner une petite musique douce en arrière salle, comme si un tournedisque était en train de cracher sa mélodie :
S’approchant d’une table basse, elle regardait avec stupéfaction l’endroit, impresionnée, pour regarder tour à tour les différents détails… Des vêtements sales posés à même le sol, quelques collections de disques et de film… Une petite carabine à plomb... Rien de bien commun, mais rien d’illégal non plus. L’endroit semblait ne jamais avoir été quitté, la disparition était récente… ‘’Hum ?’’ Fit-elle en approchant son regard de la table basse, pour regarder avec un verre de whisky… A moitié bu, certes, mais présentant deux glaçons à l’intérieur, encore aussi cubiques que lors de leurs premières secondes… ‘’Les glaçons auraient dût fondre depuis le temps non ?’’ ‘’Pas vraiment, il s’agit d’une petite technologie, permettant d’obtenir des glaçons demeurant tout aussi froid pendant une semaine d’utilisation.’’ ‘’Ech, mauvaise piste alors…’’ Soupirait-elle en se redressant alors, pour continuer à observer.
Jusqu’ici, je trouvais tout de même la miss bien amusante, intrigante sur certains points, même. J’avais l’impression de la voir passer d’un sujet à l’autre n’importe comment, à se demander quels genres de raisonnements elle tirait au fond de son crâne, de quoi attirer toute ma curiosité, mais ce n’est pas comme si ce serait un caprice à assouvir : je n’allais pas pouvoir lui ouvrir la tête pour en étudier les mécanismes… HOPE ne le tolérerait sûrement pas, et ce serait dommage d’abîmer une jolie créature comme celle-ci. Il était d’ailleurs plutôt intéressant d’observer quels genres de rapport elle entretenait avec son IA, bien plus humains que ce dont j’avais l’habitude. En temps normal, je lui aurais proposé un reformatage de cette dernière, mais à voir la relation entre ces deux, j’imaginais bien qu’elle n’y voyait plus un outil comme ce que beaucoup d’autres feraient.
Sinon, elle était aussi plutôt bavarde, pour tout et pour rien visiblement, et se laissait facilement aller dans la discussion en étant qu’à peine lancée par de petites questions. Un bon point, enfin, de mon point de vue un peu voyeur en fait, j’imagine que pour un agent ou au quotidien, cela peut facilement passer pour un défaut. Ainsi, elle se posait en gardienne des astres, mais à l’entendre, dans un stade plus religieux, légendaire qu’autre chose. Avec la suite, j’en comprenais un peu mieux, lorsqu’elle se disait vieille comme le monde. Pour ainsi dire, j’avais surtout l’impression d’une blague, et du mal à la croire, mais je voyais mal quelqu’un comme elle mentir, et surtout, sa version des faits concordait en plusieurs points avec ce que nous avions déjà connu par chez moi. Ce n’était pas la même chose exactement, mais les genèses stellaires étaient encore au stade de théories, et l’existence d’êtres étranges comme ce qu’elle pourrait être ne contredit pas les faits établis. En définitive, elle pourrait avoir beaucoup à m’apprendre, si elle dit vrai.
- Sacrée histoire tiens, on dirait que tu pourrais être la grand-mère d’un de mes lointains ancêtres alors, à moins que toutes ces planètes n’aient qu’une poignée d’années… Le moins qu’on puisse dire, c’est que tu ne fais pas ton âge, du tout.
Ah ça, oui, elle ne faisait certainement pas l’âge qu’elle devait avoir, et ne présageait d’apparence rien de ce qu’elle disait. Et puis en toute honnêteté, elle était bien plus charmante de physique que tout ce que les érudits imaginaient pour les natifs des étoiles, que l’on liait habituellement aux léviathans. Mais pour le moment, l’on ne ferait que se perdre en détail, et je doute qu’elle n’ait envie de répondre à l’interrogatoire d’un académiste blasé, un peu trop curieux et aux yeux baladeurs, alors je remis mes idées à plus tard… Je n’aurais qu’à poser quelques questions de plus lorsque la situation s’y prêtera davantage.
Dans tous les cas, je pouvais sentir que je m’entendrais facilement très bien avec cette grande optimiste d’apparence, qui avait l’air de rire pour tout, et surtout pour rien. J’aime bien les gens comme elle, qui ne se coincent pas trop, volontairement ou non, et honnêtement, je m’en fiche pas mal que ce soit de la naïveté, de la sagesse, ou de la bêtise. Je me dis juste qu’au moins, ce n’est sûrement pas une personne comme ça qui viendra m’emmerder, au contraire, y’a surtout grand moyen de rigoler un coup. Justement, elle réagissait déjà en rentrant dans mon jeu, et j’imagine que ce qui passerait vite pour de la désinvolture chez un officier plus rigoureux devrait n’être d’aucun souci aujourd’hui. Ah, si les commissaires de chez moi étaient comme ça, je ne serais jamais parti… Quoique ce n’est pas comme si je l’avais vraiment fait par choix en fait.
Visiblement facilement épatée, bien qu’il y ait de quoi si on considérait l’endroit qui avait tout d’une anomalie par rapport à l’extérieur et aux normes du vaisseau-monde, elle semblait fouiller l’endroit du regard, et soulignait bien vite un point important, que sa partenaire démonta finalement bien vite. De mon côté, j’étais vite agacé par le peu que je voyais de l’œil : ce n’est probablement pas en surveillant les meubles que l’on apprendra quoi que ce soit, et il va vite falloir passer à l’action de manière plus… poussée je pense.
- Miss, c’est toi le chef, donc c’est toi qui déclares la marche à suivre, j’imagine. Cela dit, je ne suis pas sûr qu’on aille loin en admirant la déco, donc… On est autorisé à fouiller les affaires des disparus ? Des fois qu’ici, les forces de l’ordre en aient quelque chose à faire de l’intimité du peuple. M’enfin, si des vies sont en jeu, pas sûr que ça ait de toute manière su sens. Et puis en soit, peut-être pourrions-nous songer à des interrogations rapides ? Peut-être que la famille, les amis, auraient vu un comportement suspect, quelque chose, t’en pense quoi ?
Ecoutant la réponse d’Edward, la Centrenuit ne put s’empêcher de sourire. Que son univers n’ait qu’une poignée d’année ? A l’échelle cosmique, son monde était ultra jeune, à peine six millénaires. L’écriture avait six millénaires, l’histoire ! Avant, l’on parlait de la préhistoire, donc bon. Et pendant la préhistoire, il s’en était passé des choses ! Des colosses quadrupèdes aux météores qui viennent tout chambouller ! Des Mamouths empaillés aux rats qui démontrent l’effet papillon. Elle s’était renseignée auprès des meilleures références. Donc au final, était-elle si vieille ? Tout était une question de point de vue du coup… ‘’Oh, rien de moins que six milles trois cents vingt sept années ! Et au moins deux semaines de plus !’’ Fit-elle en souriant, avant d’avoir comme une révélation : ‘’C’est vrai qu’en fait, j’ai eu comme un instant de pause de ma vie, un moment où je n’existais plus avant de me réincarner… Attend, est-ce que ça modifie mon âge du coup ? Ah j’ai des doutes… De gros doutes tout de suite ! Une remise en question existentielle qui arrive ! L’apocalypse ! Le jour où toutes les révélations tombent d’un coup, comme le couperet intergalactique qui arrive et sectionne jusqu’aux pointes de tes cheveux éclairés par les astres cosmiques, dont le seul souffle est comme le poumon qui bat à travers le monde si sombre, si froid, si… Attend, on parlait de quoi déjà ? Oh, surement rien d’important !’’
Elle continuait joyeusement, jusqu’à arriver à l’appartement où les choses commençaient du coup à se faire. Evidement, il n’y avait pas d’élément en surbrillance ou de super sens spécial qui permettait directement d’obtenir les informations nécessaires… Oh, elle savait ce qui manquait à sa vision et qui la démangeait depuis son arrivée ! Comment avait-elle put l’oublier ? Une minimap ! Il allait falloir qu’elle rajoute cela à sa liste de course, s’il existait des modules de ce style. Et puis, Cortania devait se mettre à jour aussi, ce n’était pas à elle de faire tout le travail tout de même !
… Si ?
Dans tous les cas, Edward eu des choses à dire, posant des questions, quelques propositions. Des idées pas bête du tout, clairement ! ‘’Ouaip, on peut tout fouiller ! Après tout, on est là pour lui sauver la vie, donc ça vaut bien un peu de désordre ! C’est pas comme-ci on allait lui piquer les bières qu’il a dans le frigo pour enquête. Oh, elles sont fraiches en plus !’’ Faisait-elle en exécutant les mêmes gestes qu’elle disait qu’ils éviteraient de faire. ‘’Reproduction cubaine, ne pas exporter… Hum, l’étiquette est un peu abimée… C’est quoi l’image qu’il y a dessus ? File Gastro ? Attend, je vais pas y toucher en fait !’’ Continuait-elle en posant avec précaution l’objet du délit, pour au final faire un peu la moue. Edward avait bien proposé quelques petites choses… ‘’Bon, récapitulons : L’endroit est un peu sale, mais pas en désordre. Notre homme est… Visiblement un célibataire. Le verre non vidé indique qu’il pensait revenir ici, et l’absence visible d’effraction ou de lutte me murmure qu’il n’y a pas eu de kidnapping ici. Donc c’est ailleurs qu’il s’est fait enlevé. Cortania, tu peux nous retracer son itinéraire ?’’ ‘’Tout de suite. Sa dernière localisation est à un bar à quelques minutes d’ici, après quoi son mobile a été déconnecté.’’ ‘’On verra bien sur place. Je jette juste un petit coup d’œil et… Il en a des affaires tout de même ! Le manifeste du parfait Communiste… Staline pour les nuls… Le goulag de mon père ? Wah, comment regarde la collection de cigare qu’il a ! C’est presque un personnage tant c’est précis !’’ Elle souriait, avant de se tourner vers Warren : ‘’Fais-toi plaisir. On peut y aller comme continue de fouiner !’’
Six mille trois cent vingt-sept années. Ça, ça fait vraiment un bail, et était-ce comme ça que j’imaginais un être millénaire ? Surement pas. La faute à ma culture, sûrement, mais je visualisais davantage une sorte de créature spatiale géante, et non une petite femme d’apparence plutôt jeune toute vêtue de bleu et dégageant un optimisme débordant de naïveté. Et cette histoire de réincarnation ? Ce délire ? J’en venais vite à me demander si elle disait vrai, ou disjonctait complètement. Il n’y a pas à dire, elle était vraiment spéciale, à sa manière. Mais je n’insistais pas, et me contentais de la regarder presque sautillante pour le reste.
Sa démarche de respect des affaires des disparus me laissait perplexe, et amusé, surtout. Au moins, c’était ça de gagné, de savoir que l’on avait à peu près carte libre dans la fouille, mais j’imagine qu’il ne fallait rien abîmer au possible. Pour la bibine, hé bien, comme je m’en doutais, je ne connaissais pas la marque, mais je me disais qu’il pouvait y avoir un intérêt à découvrir après tout. Je saisissais alors la bouteille posée, faisant d’abord mine de regarder et hésitant… Un petit rafraîchissement, pourquoi pas ? Ce serait comme une récompense en avance, pas vrai ?
- Oh, et puis ça ne se verra pas si on pioche un peu… Faudrait pas que ça périme non plus…
- Administrateur Warren, le vol est condamnable en vertus des lois de Hope. Êtes-vous sûr de ce que vous allez faire ?
- Je plaisante, SOMA, je plaisante…
Je lâchais un court soupir en remettant à sa place ce que j’avais pourtant légèrement l’intention de prendre avec moi, puis me remis les idées en place pour rester un peu sérieux et écouter l’avis de la miss. Elle soulignait un point important. Célibataire ? Qu’importe, mais le fait qu’il comptait revenir et l’absence de fracas étaient deux points très importants. Sans alors écouter directement, je suivis la discussion.
- Célib’ ? Donc pas de concubine, ou concubin, qui pourra vraiment nous renseigner sur son comportement en intime, et s’il vivait seul, pas sûr que sa famille soit au courant de tout. En revanche, s’il ne s’est pas fait enlever, il peut avoir disparu de son propre chef… Peut-être en étant manipulé, par exemple.
J’écoutais alors la suite par Cortania, et observais les découvertes de Proxima, sans plus de cérémonie. Pas faux, c’était un sacré portrait tout ça, je me demande à quoi il ressemble en vrai !
- C’était un habitué ? Avec un peu de chances, ils le connaissent assez bien pour parler, là-bas. Je pense qu’on ne gagnera rien à trop s’attarder ici en fait, à part quelques photos de ses collections et autres bizarreries. Du coup, je te suis quand tu veux. Avec un peu de chance, les gens dans le bar en sauront un peu sur lui et pourront nous aider.
Les informations que donnaient Edward étaient correct. En tant que célibataire, non seulement nous ne pouvions pas avoir d’information quant à son comportement de la part d’un potentiel petit copain ou petite copine, mais surtout il est aussi probable que cet individu ait put s’éloigner de sa famille au point de ne plus avoir de contact. C’était bien malheureux, mais cela pouvait arriver, des personnes qui ne vivaient que pour une cause, un travail ou une passion… Mais il mentionnait qu’il pouvait aussi être parti de lui-même d’ici… ‘’Hum… Parti de lui-même ? Je pense qu’il aurait au moins fini son verre ! Il a l’air d’être un habitué des boissons ! En tout cas, c’est possible qu’il ait suivit quelqu’un et qu’il se soit embarqué dans une affaire le dépassant complètement. Mais on peut écarter l’idée de suicide je pense !’’
Puis, il semblait que tout le monde semblait être d’accord pour partir en direction du bar ! Ainsi, les deux agents allaient pouvoir découvrir une nouvelle facette du monde folklorique de Hope et de ses petites rues ! Et puis, qu’est-ce qui pourrait être encore plus étrange que cette chambre venu d’une autre époque ? La réponse ? Un bar entier…
La gardienne clignait plusieurs fois des yeux alors que la musique entrainante ne semblait jamais vouloir se stopper. Jamais, au grand jamais, il n’y aurait de fin sur ces notes. Dès que le rythme se terminait, une nouvelle fois il reprenait, comme si prit d’une infinie envie de danser ! Néanmoins, elle n’était pas véritablement dérangeante, tout du moins aux oreilles de la Centrenuit, qui se permit de sourire en regardant l’enseigne… Hum, une certaine impression d’une autre époque. Un bar aussi imposant que long, des lumières bien présente partout donnant une impression de tamisée… Oh, un portait géant d’un révolutionnaire avec une étoile sur le front !
Il y avait en tout cas quelques clients, des hommes un peu vieux qui semblaient directement parler de quelques actualités croustillantes et sans importance. Un trio de serveuse aussi, toutes aussi belle et typées les unes que les autres. Et le barman ! Un homme à la pilosité faciale apparente et prononcée. Clairement, le genre d’homme qui savait comment ne pas prendre soin de sa barbe pour lui donner un bonus en matière d’intimidation… Et depuis que les deux étaient là, il ne cessait de les détailler, étant semble-t-il déjà au courant que ces deux là n’allaient probablement pas rester silencieux… ‘’Hola amigos !’’ Commençait la demoiselle en s’approchant du bar, pour reprendre : ‘’Como esta en la casa ?’’ Et il semblait que ses quelques efforts en matière de langue n’avaient pas été suffisants, vu que le barman se contenta de grogner un peu. Bon sang, elle aurait dût rajouter la ponctuation ! Maudit ibériques ! Bref, elle sortit la photographie de l’homme que le duo recherchait, avant de lui montrer en disant : ‘’Nous cherchons cet homme ! Il a disparu récemment, et… Bah on souhaiterait le retrouver ! Vous comprenez, il a pas fini son verre chez lui, et ce serait une honte que son breuvage se réchauffe !’’
Le barman ne jeta qu’un coup d’œil sur la photo, avant de répondre au taquet : ‘’Connais pas.’’ Néanmoins, il demeurait possible de voir qu’il fit un signe de main à l’une des serveuses, qui quitta la pièce pour l’arrière boutique. Des choses à cacher, hummmm ? Peut-être bien, mais il en restait deux autres, des clients et un barbu à interroger ! De plus, sans mandat, pouvaient-ils entrer ainsi dans ce magasin ? Après tout, il ne s’agissait que de soupçons qu’ils avaient pour le moment… ‘’Bon, ça va pas être simple… Ce disparu est comme tout volatilisé ! Bon… Euh… C’est quoi son nom au fait ?’’
Il est vrai que malgré tout, il restait la question du verre. Un détail, en soi, mais pourquoi l’aurait-il laissé là, au lieu de simplement le vider en partant ? C’était illogique. Cela dit, lorsque je repense à quelques affaires de mon passé, je n’en oublie pas que s’attarder pour rien sur un détail peut parfois causer plus de tort que de bien. Ainsi, si je notais les déductions de l’agent, je gardais ma réserve là-dessus. Quant au suicide, je doute qu’il aille dans un bar sans finir son verre pour ou avant d’aller le faire, ce qui fait au moins une piste à écarter de plus.
D’un commun accord, nous nous étions alors mis en tête de joindre le bar en question, pour glaner quelques informations de plus selon ce qui serait trouvable sur place. La route, alors, n’était pas longue et, très vite, nous étions à nouveau bercés dans la même ambiance étrangère de l’appartement précédent. Était-ce une sorte de communauté spécifique de Hope ? Un club ? Une… Secte ? En fait, tant de ressemblances, et ce style si spécifique, cela avait de quoi faire tiquer, se poser des questions. Non pas que le genre soit réellement désagréable, mais du moins qu’il ne soit pas dans mes standards du commun.
Les premiers pas me replongèrent alors dans cet imaginaire inhabituel, où je me sentais un cheveu sur la soupe. Un son alors dynamique et dansant me chatouillait les tympans, et si l’on n’était pas en mission, j’aurais sûrement avec joie pris un verre avant d’inviter une minette à proximité… Une des séduisantes serveuses, par exemple, ou pourquoi pas la miss bleue qui, même si elle avait presque l’âge d’un fossile à côté de moi, gardait un certain charme non-négligeable pour elle. Mais nous étions là pour le travail, et comme l’on était bien visible, inutile de dire que les quelques habitués nous avaient bien au coin de l’œil.
Proxima tenta une approche amicale, saluant dans un dialecte particulier les locaux, puis, face à leur réaction peu encourageante, se contenta d’aller droit au but. Une photo, et un petit discours plutôt gentillet qui ne donna la réponse qu’avec un déni et des gestes suspects. À l’évidence, elle ne devait pas être inspecteur de métier, ou alors se cantonnait au rôle de « gentil flic ». Bon, si tout ne tenait qu’à moi, je serais probablement déjà passé à la vitesse supérieure, mais puisque c’est elle qui doit donner les ordres…
- Hé bah, y a de l’ambiance par ici. Si on n’était pas en service, je serais bien d’avis pour quelques pas…
Je laissais transparaître un sourire taquin et un léger clin d’œil. On ne se refait pas, et il faut bien que je me laisse décontracter entre deux moments plus sérieux, si je ne veux pas exploser d’un balai dans le cul. Et puis une petite blague ne tue jamais personne.
- Volatilisé ? M’est avis qu’ils doivent en savoir plus que nous. Quant au nom… C’est pour ça qu’on a nos IA, pas vrai ?
- Effectivement, Administrateur Warren, j’ai pris soin de noter les noms de l’individu recherché. Il s’agirait d’un certain Jose Carballo, toujours porté disparu à l’heure actuelle.
- Merci.
Bon, ça fait, il était temps de discuter d’un plan d’approche. On pourrait agir ensemble, mais la division, dans le cas présent, permettrait peut-être plus de résultats.
- Par habitude du boulot, enfin, celui que j’avais avant, j’aurais sûrement employé la manière brutale. En fait, j’aurais détaché un ou deux capables pour aller mettre à sac l’arrière-boutique, et je serais resté pour faire passer à monsieur coopératif le meilleur quart d’heure de sa vie. Mais ça, ce sont les politiques de chez moi.
Je prenais une légère inspiration, entre une petite pointe de nostalgie, et finalement un certain soulagement, avant de reprendre, plus calmement, la voix moins ferme.
- Cependant, après avoir lu le code de Hope, je ne pense pas qu’on doive faire ça, ni même qu’on y soit autorisé, pas vrai ? Cela dit, l’idée de chercher d’un côté et de l’autre peut toujours tenir. Les IA peuvent faire jouer un mandat si jamais ? Je suppose que la non-assistance à un agent de Hope en service peut être un délit, si une vie est en jeu. Ou alors, l’un de nous peut se faufiler pendant que l’autre fait diversion, et avec la figure d’autorité que l’on représente, ça ne devrait pas être trop difficile si l’on est un suffisamment bon comédien.
Je gardais une certaine réserve dans mes propositions, puisqu’il ne s’agissait que de suggestions : je n’avais pas encore le rang pour donner des ordres.
- C’est à toi de voir, boss, si tu as mieux en tête.
Il semblait que l’heure était venue d’établir un plan. Et il en fallait un bon. Déjà, savoir l’information essentielle du nom de la personne. Donc, un certain… Jose Carballo ? D’accord, elle notait l’information dans un coin de sa tête, ce qui pouvait tout aussi bien signifier qu’elle l’oublierait dans les prochaines minutes au risque de reposer cette question. Elle était ainsi, prenant le train pendant qu’il passait pour faire le tour et descendre quand il lui siérait. Proxima ne se compliquait jamais vraiment trop les choses. Ou parfois si.
Bref, le plan d’approche. Comme il le disait, dans son monde Edward aurait surement utilisé une méthode un peu plus brutale et directe pour faire en sorte que les choses se fassent. Mettre les chocottes à cet homme pour qu’il passe à table ! Mais à la place, ils devaient faire avec les restes, devant se coltiner les méthodes de la station spatiale… Après tout, ils avaient signés pour ça, non ? Donc pourquoi cela les dérangerait ? Eh bien parce que c’était compliqué… La déontologie et le profesionnalisme…
‘’Un mandat prendrait du temps à être approuvé, et des informations essentielles s’en retrouveraient ainsi perdue. Néanmoins, il s’agit de la procédure, et à ce titre il est obligatoire de s’y souscrire.’’ ‘’Ça risque d’être compliqué pour la discrétion… L’endroit est petit, et les serveuses risquent de nous repérer si l’on occupe le barman… Raaah, il faut que l’on trouve un moyen de savoir ce qu’il est advenu de lui ! Oh je sais, les caméras !’’ Elle avançait vers le barman, pour lui poser la question : ‘’Nous aurons besoin de l’accès à vos enregistrement !’’ ‘’Y’a pas de caméra ici.’’ Répondit-il avec une sorte d’arrière ton de méchanceté. ‘’Ah… et c’est quoi ce qu’il y a là-bas ?’’ ‘’C’est juste pour éloigner les voleurs. Je l’ai jamais branché.’’ Répondit-il, en sentant semble-t-il qu’il était sur un mauvais terrain. ‘’Bon sang, vous avez réponse à tout !’’ Fit-elle en gonflant ses joues d’une manière un peu ridicule, pour au final expirer un grand coup, semblant être à bout de flèches pour son arc. ‘’Or l’article L45-26.32 indique l’obligation de disposer d’un système de vidéo surveillance actif. Les derniers contrôles concernant cet établissement indique qu’il demeurait en règle. Auquel cas, vous êtes actuellement en train de faire obstruction à une enquête fédérale.’’ ‘’Grrr…’’ Fit-il, en commençant à serrer les poings, préparant sous doute un coup. Néanmoins, toute cette situation fit sourire Proxima, qui répondit : ‘’Eh bien, ça sert d’avoir une tête de bouquin comme toi ! Allez messieurs, direction l’arrière boutique !’’
Comprenant qu’il n’avait pas vraiment d’autre choix, le barman se leva, un peu lentement tout de même, et avança d’une manière étrangement lente vers la porte de l’arrière boutique, pour l’ouvrir en gardant son regard furieux… Pas très commode, hum ? Néanmoins, ce fut une drôle de fumée qui accueillit le groupe… Une odeur presque trop grande, comme si elle entrait dans un repère de mafieux… Et pour le moment, a part une cuisine dans un sale état, rien d’anormal… Un ordinateur très vétuste, qui… Eh bien, demeurait totalement débranché. ‘’Impossible d’enregistrer la moindre pièce vidéo si le terminal n’est pas branché ! Qu’est-ce qui vous a…’’ ‘’Un oubli. J’ai fait un peu de rangement. Je l’ai pas remis.’’ ‘’Bon, réponse à tout, je pense que tu peux dire à tes quelques habitués que tu fermes plus tôt aujourd’hui ! Et que… Hey minute, Edward, elle est passée où la serveuse ?’’ Réalisait-elle, en commençant à regarder partout… ‘’Je suis prête à parier que cet endroit doit avoir une cave secrète !’’
Et bon, les choses étaient un peu trop simple pour le moment. Alors qu’elle mettait le doigt dessus, le barman se prit d’un accès de folie, et réussit à prendre par surprise la Centrenuit, la menaçant d’un couteau sous la gorge. ‘’Poses-ton arme ou je la bute !’’
Toutefois, ce que pouvait voir Edward et non l’agresseur, c’est qu’immédiatement la Centrenuit claqua des doigts, et une protection en glace se créa au niveau de la gorge de la demoiselle, là où était posée la lame. Ainsi, l’aspirant aurait toutes ses chances de briller.
Évidemment, le protocole a toujours été un gros frein dans les organismes dotés d’un minimum de déontologie empathique. C’est pour ça qu’en tant que commissaire, nous étions des plus efficaces : la loi était si souveraine que l’on pouvait rayait tout droit humain lorsqu’il nous le paraissait nécessaire… Ou simplement lorsque l’on en ressentait l’envie. Mais j’imagine que ça ne fait pas propre à beaucoup d’endroits, comme Hope, et ses politiques très axées sur l’humain à mon goût. Ça doit avoir ses avantages, pour les locaux, mais en tant qu’agent, j’en voyais surtout les inconvénients, et je m’en mordais presque les doigts à cette idée.
Il est vrai que la discrétion paraissait compromise, du fait que l’endroit ne laissait que peu de marche de manœuvre, et finalement, l’absence de mandat possible nous forçait à laisser tomber mon idée des deux fronts. Il fallait que je me fasse aux procédures locales, qui brident très vite les tactiques possibles. J’écoutais alors, et regardais faire, constatant rapidement un manque de coopération affirmé et hostile, mais attendu et prévisible, de la part de ce qui semblait être le tenancier. Pas de caméra ? Ou plutôt, une seule pour éloigner les voleurs ? C’était assez minable, d’autant plus qu’un voleur masqué n’avait que peu à craindre, à mon sens. Heureusement, Cortania sut répondre sur le coup, consternant notre opposant, mais marquant déjà une certaine avancée.
Nous fûmes conduits à l’arrière-boutique, non sans subir un guide au tempérament tempétueux et au regard affreusement incendiaire. Sa gestuelle n’indiquait rien qui vaille, mais qu’il essaye, et alors nous serions en plein droit de le remettre à sa place à la bonne vieille méthode de chez moi. Finalement, cette cérémonie légèrement lugubre finit par déboucher sur un appareil digne d’un antiquaire, pas même relié au courant. Proxima souligna alors la disparition inexpliquée de la demoiselle d’il y a peu, et c’était le moment de chercher…
C’est sur le coup que l’homme choisit de laisser transparaître ses intentions refoulées, et se saisit de ma partenaire pour tenter de faire pression. Que je pose mon arme ? Il parle sûrement du flingue de poing, ce truc plus d’apparat qu’autre chose que j’avais là comme ça. Non mais c’était sérieux ça ? Je pus cependant remarquer que la vieille en bleu ne semblait pas plus dérangée que ça, et prit vite le temps de se protéger le cou par un quelconque sortilège dont elle doit avoir le secret. Simple, efficace, et discrète, elle me créait une opportunité de jouer un peu.
- Du calme mon gars, allez, tu menaces deux agents avec ce petit truc-là ? C’est bon, regarde, je le jette, mon joujou.
Je saisissais de deux doigts le pistolet que je possédais, le sortais de ce qui lui servait d’étui, soit une poche plus qu’autre chose, et le laissais tomber comme une chaussette sale. Pas besoin de ça, et puis je voulais me mettre un peu en scène, tant qu’à faire.
- Je te dirais bien que tout se passera au mieux, tu sais, sans violence ou quoi, mais là, tu t’en prends à des agents en service, donc je sais que légalement, je suis dans mes droits.
Je ne sais pas quelles sont les habitudes de Hope vis-à-vis des armes, mais j’ai vraiment l’impression qu’ils n’ont pas tant que ça l’habitude des implants miniaturisés. C’est fou, ce qui semble être une prothèse très réaliste à la couleur un peu esthétique se révèle être l’une des pires armes, dès lors que l’on sait ce qu’il y a à l’intérieur. Toujours l’air tranquille dans mes gestes, je fis mine de lever les bras, comme en guise de soumission, mais au lieu de les pointer en l’air, je fis un mouvement brusque de celui mécanisé, faisant jaillir d’entre deux joints un fouet légèrement translucide, presque comme un gros fil de pêche d’apparence.
C’est ce que l’on appelle dans notre jargon un « Neurocide ». Une forme de fil, de fouet miniature, semblant inoffensif, mais qui claque à une vitesse phénoménale, s’enroule avec précision sur une partie exposé de la cible, et le pire vient ensuite. En l’occurrence, ce fut le bras désarmé qui fut touché, un point comme un autre que je choisis sans gros souci du choix, puisqu’après tout, ce n’est pas comme s’il pouvait nuire à ma partenaire visiblement. Un léger battement, presque une seconde, et l’énergie fut transmise depuis le réacteur de mon bras jusqu’à l’imprudent. Je ne saurais pas dire avec précision quel voltage il subissait sur l’instant, mais je sais que les expérimentations des prototypes de Neurocide avaient vu s’effondrer des mammifères de plus d’une tonne en un rien de temps. Le mieux dans tout ça, est que l’arme n’est pas létale, mais peut vite laisser des séquelles plus ou moins durable sur les terminaisons nerveuses… Après, le tout est de savoir doser, et je m’estime plutôt un bon tortionnaire, avec le temps.